26.2.06

L'pays d'mes 20 ans


C’est dimanche et j’vous invite à faire la teuf. Chez l’Sicilien qu’on va. Sicilien ou tout bêtement Italien, j’me rappelle plus très bien mais j’men fous, de toutes les façons, ça rime.

Bon alors, on va s’la faire cette teuf ? I'sont pas très distingués mes trucs comme vous m’disez ? Ben, oui ! C’est vrai mais c’est moi que j’suis pas très distingué en fait comme vous avez pu déjà vous en apercevoir sans aucun doute, vous qui êtes de fidèles lecteurs (trices) de mes douteuses élucubrations

Alors, ok, on y va ? C’est moi qui régale pour s’faire un tour dans l’pays de mes 20 ans

C’était à Bordeaux, sur les quais. J’y suis revenu. On devrait toujours écouter les autres comme Barbara par exemple qui met en garde à vouloir remettre ses pas d’aujourd’hui dans ses anciens pas

J’y suis revenu donc. J’ai rien reconnu, pourtant c’était facile, le Sicilien, ça s’trouvait entre les Navigateurs et le Fanal bleu sur l’quai des Chartrons à l’angle d’une petite rue miteuse dont j’ai oublié le nom. Rien d’plus simple à trouver portant !

Mais y’a plus rien ou plutôt tout n’est plus comme avant, du temps d‘mes 20 ans, y z’ont tout rasé ou tout remembré, j’sais pas trop.

Finis les bâtiments de la capitainerie sur les quais et les grandes grilles qui empêchaient d’y rentrer, finis les troquets sympas tout plein de filles mignonnes et gentilles, d’autant plus gentilles d’ailleurs que nos poches n’étaient pas trop percées, finis tous ces bateaux avec toutes leurs lumières et enguirlandés de jolis drapeaux qu’on aurait dit des arbres de Noël couchés et que tout ça se reflétait gaiement dans les eaux jaunes et boueuses de la Garonne, finis aussi tous ces marins du bout du monde, des jaunes, des noirs et aussi des pas tibulaires mais presque et des qui nous invitaient à bord pour boire leurs lointains pays jusqu’à plus soif avec des rêves plein dans leurs yeux et des goûts de rizières et de pontons pourris.

Finis cette vie des quais, ces rires et ces coups de gueules et ces bordées à tirer sur les pavés disjoints aux petits matins de nos vues embrumées, un monde disparu sauf dans un recoin de la mémoire de quelque uns dont j’suis et qui, effarés, contemplent ahuris le squelette d’un bateau militaire posé là comme cercueil à souvenirs défunts.

Parait que maintenant les navires de la marchande ,i’ s’arrêtent tout là bas, vers l’embouchure, au d’là du pays des vignes. Quelle drôle d’idée quand même !!

Mais, ça fait rien, tout ça, c’est pas une raison, j’vous invite quand même à ma teuf pour boire à la santé de mes lointains 20 ans, à mes potes de ces temps là et gueuler en leur honneur des chansons ed’marins jusqu’au petit matin avec des larmes dans les yeux pour en avoir tant ri.

Si, si, j’y tiens, allez, faites pas de manières, vous allez voir, on va s’faire des plats de pastas qui monteront jusqu’au plafond avec dessus plein d’anchois et des morceaux de câpres et c’est mon pote tout brun, la chemise ouverte sur une poitrine velue avec une petite croix d’or brillant entre les poils qui nous les servira ces somptueuses pastas et leurs odorants fumets à l’assaut des boiseries de son foutu rade et arrosées d’un Volponicetta rocailleux comme une draille de sa foutue Sicile à mon pote l’Italien

On va s’la faire la fête ensemble comme on la faisait dans ces heureux temps là, alors suivez moi ! On s’laisse la nostalgie au vestiaire, préparez vos foutus karaoké à la con, c’est par là qu’ça commence

L’ SICILIEN











Putain, c’est chez le sicilien
Dans son rade du coin
Qu’on est le plus mieux
Qu’on est le plus bien
Des lumières plein les yeux
Quand qu’on y va
Pour y faire la java
Y boire du nectar d'mirabelle
Y traquer la dernière pucelle
Y goûter d’sa tambouille
Risquer d’y attraper la ch’touille
C’est chez le sicilien
Du dernier coin
Qu’on est le plus bien
Avec les copains
Et le chaud dans l’cœur
Et la main de ta sœur
Dans la culotte d’un zouave
Avec ses sourires suaves
Quand on va chez le sicilien
Sacré nom d’un chien
Pour se jeter un petit bleu
Sacré nom de dieu
Pour se boire quelques gluttes
Pour s’reluquer les putes
Se siroter un jus de chenille
Et dire des choses aux filles
Et c’est là qu’on est le plus bien
Le cœur au chaud chez les copains
Putain, c’est chez l’Italien
Dans son rade du coin
Qu’on est le plus mieux
Qu’on est le plus bien
Avec tout plein les yeux
Des lumières de diamants
Et les carats d’tout nos 20 ans

Claude
L'pays d'mes 20 ans

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Super ! j'arriiiiive moi qui suis pas tibulaire mais presque :-))
Très sympas texte et poème.

claude a dit…

même si t'es pas tout à fait tibulaire, tu peux venir, Pralinette, on t'prendra quand même :-))

Anonyme a dit…

J'arrive un peu tard, il est encore temps pour faire la teuf ? ;)

claude a dit…

Allez, pas de soucis, Véro; Arrive, on n'attend plus q'toi.
On t'a gardé des pastas et pis, on serrera un peu plus et comme ça, on aura plus chaud;-))

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