15.2.06

Les événements se précipitent


Le suspense est insoutenable, je sais. Mais je ne veux pas être plus cruel que de raison, aussi pour répondre à la demande générale, je continue doucement à soulever le voile du mystére. Gare à la chute!!!



Machinalement Le Verrier avait inscrit ces diverses indications au crayon gras sur son écran radar et il cherchait maintenant un écho se déplaçant selon les indications données par le pilote.

Sur le moment, il ne vit rien. Quelques « spots » apparaissaient bien mais ils suivaient des routes différentes et étaient manifestement des avions civils, empruntant la proche voie aérienne.

Ceci arrivait fréquemment, l'avion pouvait être loin du terrain et n'être pas encore dans la zone de détection du radar. Aussi Le Verrier continua-t-il à faire ce qu'il devait faire, c'est-à-dire donner la situation météo du moment, la pression atmosphérique et enfin les différentes consignes d'atterrissage à D...

Le pilote répéta fidèlement ce qui lui avait été dit. La voix énonçait les divers chiffres d'une manière précise, cependant Le Verrier, et cela lui revint par la suite, trouva que son interlocuteur du ciel hésitait une fraction de seconde entre ses phrases, comme quelqu'un d'un peu essoufflé ou encore un peu effrayé.

Enfin, sur le moment, II n'y prêta pas grande attention; son subconscient se contenta d'enregistrer le fait.

Toutefois, ce que le contrôleur au sol trouva étrange fût la trace d'irritation dans la réponse qu'on lui fit à la question que l'on avait pourtant l'habitude de poser aux pilotes étrangers à la base.

  • Régate 23. quel est votre type d'appareil et votre mission à D...?

La réponse vint, rapide et indéniablement irritée comme si elle allait de soi et qu'il était inutile de la poser :

  • Approche, mon type d'appareil : Mistral, retour au terrain en fin de mission

Cette fois, Le Verrier commença par trouver l’affaire bizarre.

En effet, le Mistral était un avion à réaction qui équipait l'escadre de D... voilà bien longtemps et il n'avait pas connaissance qu'un exemplaire de ce type fût encore en état de voler.

Cette histoire devenait troublante et d'autant plus troublante que maintenant commençait à apparaître un « spot » qui correspondait à la route de l'avion.

Il ne pouvait donc s'agir d'une simple plaisanterie montée par de facétieux camarades, le cas s'était déjà produit certes mais pas à cette échelle et à cette heure de la nuit il eut fallu qu'ils fussent bien courageux pour mettre des techniques compliquées en oeuvre et hors de leur portéede tutes les façons en raison de la présence d'un écho.

Il fixa plus attentivement son radar, un fait lui paraissant quand même bizarre, l'écho n'avait pas l'apparence d'une petite tache brillante et bien délimitée qunt l'on voyait ordinairement pour les appareils de la base.

Là, il lui semblait que les impulsions du radar se réfléchissaient sur une matière peu dense ou peu consistante : un genre d'écho que pourrait donner un planeur dont la fabrication en bois ne favorise pas la détection au radar.

Pourtant, le déplacement de l'écho sur l'écran après un calcul rapide de l'officier contrôleur, donnait une vitesse de 350 km/h, c'est-à-dire beaucoup plus rapide que n'importe quel planeur et correspondait à la vitesse normale d'approche d'un chasseur.

L'avion, ou quoi que cela fût, arrivait maintenant à 45 km du terrain. C'est-à-dire, en fonction de son altitude, à l'endroit où il devait commencer sa descente en vue de se poser.

C'est ce que Le Verrier lui demanda de faire. Le pilote acquiesça, sa voix semblait s'être alors affermie, comme lorsqu'on reprend confiance en sol après une interruption ou un manque d'entraînement dans son travail.

Saisissant le téléphone Le Verrier avertit alors le chef d'escadrille qui prenait l'alerte en même temps que lui et qui était, en fait, responsable de ce qui pouvait se passer sur le terrain.

Ils convinrent tous deux que le mieux était de faire arriver cet appareil et que l'on réglerait la situation sur place avec le pilote, une fois celui-ci à terre.

A tout hasard, Le Verrier fit mettre le dispositif de sécurité en place. D'un coup, la nuit s'anima et des véhicules incendie se rapprochèrent de la piste en lançant des sortes de cris modulés, et de brefs éclairs comme des reflets de colère dans l'œil de bêtes fabuleuses.

Pendant ce temps, l'avion inconnu se rapprochait encore du terrain.

Chaque 7 secondes, le balayage du radar faisait s’illuminer son écho pendant un cours laps de temps. Après, II restait une trace comme la traînée brillante que laissent les escargots après leur passage.

En terme de métier, pour les spécialistes du radar, on appele cela la rémanence. Cela leur sert à déterminer la route exacte suivie par un avion, les caps à lui donner pour l'aligner sur une trajectoire quelconque et éventuellement à calculer sa vitesse.

Or, actuellement, cette fameuse traînée permettait de dire que l'appareil était axé pour venir sur la base, dans un temps que Le Verrier estima à 5 minutes environ.

Il restait donc 5 minutes avant que les roues ne viennent toucher le béton avec ce bruit plaintif qu'elles font, comme si elles regrettaient de reprendre contact avec le sol.

Sur l'herbe qui jouxtait la piste, le service de sécurité avait pris place.

Les gens discutaient doucement, entre eux, en gardant les yeux fixés dans la direction de l'est d'où devait venir l'appareil.

Sur l'un des véhicules, 2 pompiers avaient revêtu leur tenue blanche d'amiante qui les faisaient ressembler vaguement à des habitants d'une autre planète, maladroits et quelque peu inquiétants et se tenaient debout leur canon à eau en main prêts à intervenir en cas de besoin.

Presque sans bruit, des moteurs ronflaient. Tout le monde attendait, sans problèmes, sans angoisse inutile, la répétition des gestes de routine ne laissait pas place à ce genre de sentiment.

Très loin sur l'horizon, un éclair illumina brièvement le ciel: La nuit était encore à l'orage.


A SUIVRE



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