8.2.06

suite de mes palpitantes aventures


L’IMPASSE

SUITE 2


Le personnage ne paru en aucune façon surpris de ma présence en ces lieux, il me salua fort civilement en me regardant. Il avait des yeux presque complètement jaunes, des yeux étranges avec des pupilles noires, étroites comme ceux des chats, un regard insistant, lourd qui semblait fouiller jusqu’au fond de l’âme mais sans nul menace, des yeux attentifs, perçants, des yeux à qui on ne peut en compter.

Interdit, je restai interloqué une fraction de seconde avant que de répondre à son salut. Son inspection dû lui paraître satisfaisante car il fit un pas de coté et m’invita simplement à le suivre :

-Entrez, Monsieur, en mon modeste logis.

Sa voix me parut légèrement rauque mais en même temps, agréable et certainement appartenant à quelqu’un de cultivé. Je franchis donc ce seuil pour la première fois.

Toute maison a son odeur qui lui est propre, qui est le reflet de ses habitants, qui est entretenue par des habitudes alimentaires ou par mille autres choses qui la rendent totalement singulière et particularisée comme une empreinte génétique.

Celle ci me frappa par des souvenirs enfouis au fond de ma mémoire : Cire fraîche à passer sur les meubles, cannelle et bizarrement chocolat chaud. Ma mère tenait à une époque une épicerie et dans sa réserve, mon nez se repaissait de fragrances exotiques que celles de cette étrange demeure me rappelaient et qui laissaient mon imagination d’enfant vagabonder loin de ce gros bourg du Cotentin où nous résidions alors.

La fraîcheur du logis me surpris agréablement, le sol était recouvert de larges carreaux noirs et blancs, un peu inégaux comme on en voit dans certaines de nos cathédrales. Sur les murs, pas d’appliques électriques mais des supports de bronze me semblât il et dans lesquels on pouvait apercevoir des torches à certains états de longueur en fonction de l’usage que l’on en avait fait.

Je pris cela comme étant de la dernière élégance.

Mon hôte s’effaça devant une porte et me fit signe d'entrer.

De toute évidence, il s’agissait de son bureau, des papiers encombraient une table massive et de couleur sombre. Une bibliothèque laissait voir sur la tranche des livres, qui probablement, vu leur état, avaient été lus et relus. A un moment, vers le fond, il me sembla discerner un mouvement furtif et il me sembla voir les longs rideaux qui touchaient jusqu’au sol, frémir légèrement sans que je puisse discerner ce qui avait provoqué ce léger mouvement. A part cela, le silence régnait dans la maison.

Après y avoir été invité, je pris place dans un fauteuil recouvert de velours verdâtre patiné, mon interlocuteur en fit de même et ouvrit un meuble bas dont il extirpa une bouteille de cristal et nous versa un alcool de couleur ambrée dans deux verres assortis à la carafe.

Je ne saurais dire ce qu’était cet alcool mais il coula agréablement dans mes veines avec un goût légèrement épicé. C’est à ce moment que pour la première fois j’entendis le son d’un violon, une attaque d’une douceur suprême et harmonieuse, un son qui sembla s’insinuer dans la demeure, en remplir les moindres recoins, une musique douce, conquérante, entêtante, une musique dont je me souviens des moindres variations, moi qui n’a pas la mémoire musicale et qui hésite toujours à mettre un nom même sur les plus connues des compositions. A mon air interrogatif, brièvement, il me répondit :

-Ma fille, elle aime beaucoup à jouer ces airs

Sans plus de commentaires.

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