Monde de couleurs et d'images, monde sans cesse le même mais toujours recommencé et que je vous convie à parcourir en ma compagnie avec le vent pour compagnon à nos semelles
27.3.07
Prise de tête
PRISE DE TÊTE
J’ai souffert de migraines pendant une certaine période de ma vie. Je voyais la crise venir de loin : L’aura de la migraine je crois que ça s’appelle. Un goût métallique dans la bouche, une sensation de chaleur derrière les globes oculaires et des couleurs qui paraissent soudain plus vives.
Elle prenait son temps la douleur, je savais qu’elle finirait par m’envahir mais en attendant elle avançait pas à pas, à son rythme et non au mien.
Elle lui arrivait même de disparaître ou de régresser mais comme les autres manifestations, elles, étaient toujours bien présentes, je le savais bien que ça n’était qu’un répit et qu’elle reprendrait tôt ou tard sa marche en avant, qu’elle serait bientôt là pour réoccuper le terrain sur lequel elle finirait par régner en maîtresse
Un médecin consulté ne m’avait guère laissé d’illusions. On ne sait pas grand-chose sur ces manifestations m’avait-il dit et moins encore sur la façon de s’en débarrasser ce qui, à défaut, d’être très encourageant avait au moins le mérite de la franchise.
Je savais donc ce qui m’attendait: L’obscurcissement graduel de l’univers environnant et ces tempes battantes et de plus en plus douloureuses jusqu’à ce que la douleur devienne intolérable.
Une seule solution : Le silence dans une chambre aux volets tirés jusqu’à, enfin, que viennent les nausées de plus en plus pressantes, de plus en plus irrépressibles pour finir par la course souvent trébuchante jusqu’aux toilettes pour des vomissements incroyablement douloureux mais tellement espérés car ils soulignaient en quelque sorte le paroxysme de la crise qui ne devrait alors n'aller qu'en décroissant
Et le retour vers le lit où je m’écroulais avec cette puanteur aigre de bile dans la gorge avant de m’anéantir dans un naufrage libérateur
J’ai vécu ça pendant quelques années comme une malédiction dont je savais que j’aurais bien du mal à me défaire…
Et puis un jour ces crises si invalidantes ont fini par disparaître.
Dans mon désir d’oublier les mauvais côtés de la vie, j’ai cru qu’il s’agissait d’une « guérison » naturelle. C’était venu comment et ça repartait de la même manière.
Quoi de plus naturel en somme!
C’était oublier que le corps humain pas plus qu’une voiture qui a un bruit suspect ne se répare pas habituellement comme ça, ne se "répare" tout seul sous l’opération du saint-esprit. Je crois aux interventions du mécanicien beaucoup plus qu’à celles du saint-esprit, je dois dire mais, bon! Tout semblait être rentré dans l’ordre et il n’y avait vraiment pas de quoi s’en plaindre
Et puis soudain, sans crier gare, les symptômes que j’avais bien connus, annonciateurs de crise, sont revenus: Le même goût de cuivre dans la bouche, cette légère modification dans la perception des couleurs et j’ai commencé à croire que tout allait recommence après tant années où je m’étais cru débarrassé de ce fléau et j’ai eu peur de cette crucifiante douleur qui allait surgir pour encore me terrasser et me laisser gisant sans force sur ma couche dans un pièce sans lumière
Mais non, rien de tout ça ne s’est produit. Au contraire et à mon grand soulagement, je n’ai ressenti rien d’autre qu’un bizarre sentiment de plénitude, rien qu’une sensation d’achèvement et de bien être étonnant, d’autant plus étonnant à l’aune de ce j’avais connu et enduré.
Je n’ai jamais essayé la moindre drogue et je n’ai pas l’intention de le faire, je manque donc de points de comparaison mais je crois que c’est l’état dans lequel certaines pilules peuvent vous amener.
Tout ça est arrivé d’une manière bien inattendue. J’étais assis devant mon ordinateur plongé dans de vagues besognes sans grand intérêt quand j’ai ressenti les premières manifestations telles que je les décrits plus haut.
Et puis, j’ai soudain ressenti une pression au niveau de mes tempes et une chaleur se répartir en cercles concentriques dans mon cerveau.
C’est la nuit suivante que le phénomène a vraiment commencé. J’ai commencé à taper des mots et des phrases sur un clavier. Un clavier virtuel peut être mais tellement précis que j’en discernais tous les détails et les touches bien que je sois encore aujourd’hui incapable de dire les inscriptions inscrites sur les dites touches
Vous allez me dire que c’est sans aucun doute le produit d’une imagination trop fertile et d’une tendance aux rêves un peu trop prononcée, je suis bien d’accord avec vous! J’aimerais tellement adhérer à cette idée pour son côté sécurisant autant que rationnel, je suis même prêt à me faire à l’idée que je souffre de je ne sais trop quels phénomènes hallucinatoires dus à l’âge ou au surmenage.
Pourtant, expliquez moi l’usage de mots que je connais pas dans une langue que j’ignore et que je tape sur un clavier que je vois clairement dans ma tête.
Dites moi pourquoi, mon entité, à défaut d’autre terme à employer pour cet inconnu qui m’habite, sait me signaler des fautes d’orthographe sur des mots dont je ne sais d’où ils me viennent et sur ce qu’ils peuvent bien signifier ou des erreurs de syntaxe ou de grammaire dans un idiome dont je n’ai pas la moindre idée de savoir qui peut bien l’employer
Et pourquoi aussi, m’obstinerais-je à taper des textes pendant des moments qui me paraissent des heures mais qui peuvent aussi bien ne durer qu’une fraction de seconde pour ce que j’en sais exactement?
Je tape donc et j’écris sous la dictée d’ondes lumineuses aussi incroyable que cela puisse vous paraître
Je suis devenu le « nègre » d’une chose qui me «squatte» et j’exécute fidèlement des tâches qu’elle me commande.
Pourquoi moi? Et pourquoi éprouve t’elle le besoin de passer par l’entremise de ma frappe?
Je n’ai pas de réponses à toutes ces questions qui peuvent vous sembler, comme elles le sont pour moi, étranges et pourtant…
Tout ce qu’il me semble comprendre c’est que pour des motifs inconnus, je participe ligne après ligne à l’élaboration d’un roman, d’une encyclopédie voire d’un manuel technique destiné à une mécanique totalement exotique et dont je me demande à quoi elle est destinée.
Je tape, je tape sur mon clavier sans savoir quoi et sans savoir pour qui.
Pourtant, je pense d’être en mesure de réunir des bribes de cette incroyable histoire.
Je crois savoir maintenant pourquoi mes dévastatrices migraines ont disparu subitement. Mais commençons par le commencement:
Je suis persuadé mais sans comprendre pourquoi que j’ai été choisi, peut être au hasard par ces ondulations corpusculaires, je suis sûr que je ne suis pas le seul, bien évidemment.
Ces dernières se sont donc présentées à la « porte » de mon cerveau et en réaction, mon inconscient ou subconscient se sont opposés à cette intrusion étrangère et ce combat s’est traduit par les manifestations violentes que j’ai décrites plus haut
Puis, sans que j’en sois conscient, un pacte entre ces gardiens de mon intégrité psychique et les pulsations voyageuses s’est probablement noué. A quel prix ? Allez donc savoir!
Donc mes gardiens ont fini par ouvrir des portes et mes intempestives visiteuses se sont empressées de profiter de l’ouverture et ont fini par s’introduire dans l’intimité de mon esprit pour réaliser ces tâches dont je vous ai parlé
Le résultat en a été la disparition soudaine de ces affreux épisodes douloureux mais la réapparition des manifestations pré-migraineuses s’est manifestée lorsque les phénomènes ondulatoires voyageurs ont commencer à prendre place dans l’enchevêtrement de mes cellules neuronales et qui constitue mon cerveau
Et c’est ainsi que je me suis au « travail »…
Et j’ai d’abord cru y trouver mon content.
En effet, je pense que le « ménage » est fait à l’issue de mes prestations. Les données tapées sont, soit stockées soit exportées, sans que je sache par quel moyen, peu importe d’ailleurs mais, négligence dans l’accomplissement de cette tâche par mes mystérieux visiteurs, il me reste des images, des sensations voire des mots ou des bribes de mots dont je me sers pour écrire toutes ces petites histoires que je prends plaisir à mettre en ligne sur le web.
Il me suffit d’entrer en transe en quelque sorte et d’habiller certains «paysages» auxquels j'ai accès de mes mots pour noircir quelques pages de « papier » électronique
Mais voilà que, récemment, une idée beaucoup plus dérangeante s’est imposée à moi. Et si ces négligences n’en étaient pas mais faisaient partie d’un plan bien arrêté?
Et si, en d’autres termes, je faisais partie, sans en avoir pleine conscience, d’un plan bien organisé et enfin si j’étais le porteur de messages subliminaux que je propageais pour des buts que j’ignore et dont vous êtes lecteurs ou lectrices?
Vous le savez comme moi, n’est ce pas, qu’il faut se méfier de ceux qui écrivent et dont le métier, le plaisir ou le penchant est de travestir ou de déformer la réalité ou de l’arranger en fonction de l’humeur du moment mais c’est encore bien pire quand ce travestissement cache une volonté manipulatrice appartenant à une entité étrangère dont je ne voudrais pas être le complice involontaire
Aussi je pense que je vais maintenant y regarder à deux fois avant d’évoquer devant vous ces images qui me viennent à l’esprit aussi séduisantes puissent t-elles paraître et peut être recommencer à écrire pour moi tout seul comme je l’ai fait pendant si longtemps afin d’éviter tout risque de «contamination» dont vous pourriez être victime.
Alors, je précipiterai périodiquement dans l’âtre de la cheminée ces feuillets accumulés et je contemplerai avec délectation et soulagement les mots gravés dessus se tordre et disparaître devant la puissance des rassurantes flammes purificatrices…
Claude
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2 commentaires:
Didon, t'aurais pas un peu trop regardé "X Files" par hasard ??
ben dis, Véro tu savais pas que Fox Mulder et moi ça fait qu'un?
;-))
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