23.1.06

Mandawa


Si, si!! Ça existe Mandawa, je peux le prouver, j'y suis allé. On peut même trouver cette grosse bourgade sur les atlas ou les cartes de géographie en plein pays des havelis, ces fresques qui décorent des habitations dont beaucoup se décrépissent vite, c'est au Rajasthan et c'est l'une des portes d'entrée au désert de Thar.
Après ça, des dunes, du silence et le vide habité des horizons sans fin.
Je suis arrivé en cet endroit en fin d'après midi à l'heure où le soleil commence à reconstruire à même le sol les murailles crénelées du château surplombant la ville et dessinant en furtifs havelis quelques gardes égarés arpentant les remparts
Et, en franchissant la porte de ce château transformé en relais hôtel, j'y ai croisé préparant une dérisoire revue pour les touristes présents une dizaine de personnes vêtus de tenues guerrières, qui portant une lance, l'autre un bouclier et l'autre un drapeau aux inscriptions fanées.
J'ai été immédiatement frappé par le degré d'étrangeté de la scène que j'ai tenté de décrire dans ces lignes qui suivent


MANDAWA

Des arbres étiques se plient
Et leurs branches se recroquevillent
Aux chauds caprices du désert
Pour se donner en multiples perchoirs
A de tristes oiseaux noirs
Aux serres acérées et aux yeux sévères.
Digne comme un serpentaire
S’avance un dromadaire
En route vers son rendez vous
Avec l’armée du maharadjah
Du château de Mandawa
Vêtue de ses rêves fous.
L’armée des ombres
Des guerriers aux yeux sombres
Enfuis des havelis
Défile au pied de ces logis
Où, toujours recommencé, têtu,
Le sable blond entre et s’insinue.
Faméliques, des joueurs de sitar
Vont attendre jusqu’à plus tard
Pour que leurs doigts glissent
Sur des cordes lisses
Tendues sur des instruments
Qui mélangent le bois et l’argent

Des femmes aux paupières bleuies
S’avancent légères dans leurs sarees.
Elles suivent des ruisseaux d’eau sale
Qui frisonne et s’étale
Dans des arrière-cours
Où la peur se cache
Et le malheur court
Vers des encoignures
Et dans les plis de lourdes tentures.
Les façades comme la bouche édentée
D’une ancienne putain décatie
Exhalent l’haleine pourrie
Et les parfums frelatés
De la cour d’un roi des enfers
Où plastronnent des Lucifers.
Descendant des murs
Que le vent habite
S’étalent des moisissures
Comme de douteux stalactites
Alors que de luisants cancrelats
Se lancent dans des ébats
D’un bleu électrique
A l’assaut des devantures
A l’attaque des murs
Des mille et une boutiques
Où pour quelques roupies
Se vendent des parcelles de mort
S’échangent quelques envies
Alors que le désert s’endort
En son crépuscule doux
En route vers son rendez vous
Avec l’armée du maharadjah
Des guerriers au teint sombre
A l’assaut des décombres
Du château hanté de Mandawa

Voyages

Claude


1 commentaire:

Anonyme a dit…

vu à Mandawa
http://hiller.francois.free.fr/spip/article.php3?id_article=42

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