24.1.06

Alchimie

Pour ceux que ne rebute pas la poursuite de la trace intemporelle des songes
Pour ceux qui ne refusent pas l'emprunt de chemins détournés et évitent l'autoroute des pensées toutes faites
Pour ceux qui veulent bien voir au-delà de la réalité d'un monde en perdition qui se désagrège dans ses contradictions
Pour ceux qui savent percevoir les bruits furtifs qui encore peuplent les silences des déserts de monde disparus
Pour ceux qui aiment à se retrouver derrière les miroirs
Je propose ce texte où se retrouvent les thèmes de ce qui peut être est l'écume d'une science d'un autre temps exercée en d'autres lieux


L'ALCHIMISTE

J’ai du être alchimiste
Dans une vie antérieure.
Vous savez,
Un de ceux là
Avec un chapeau pointu
Et une cape
Avec dessinés dessus,
Des croissants
De lune
Et autres signes cabalistiques.

J’ai du être alchimiste
Et tant pis
Si ce n’est pas vrai
Et tant pis
Si on n’a ni vie antérieure
Pas plus que vie ultérieure
D’ailleurs.

Mais qui m’expliquera
Cette attirance
Pour les lumières
Des vitraux,
Pour cette lumière
Douce et tamisée
Qui donne à nos cathédrales,
(Gothiques bien sûr),
Cette sérénité feutrée,
Ce bain de rayons lumineux
Qui vous effleurent,
Et vous caressent
Comme la chevelure
D’une Esméralda flamboyante
Sans son Quasimodo,
Dans les murmures
De ce credo
Qui monte et s’enroule
Autour des piliers compagnonniques
De Notre Dame de Paris.

Qui me dira cette attirance
Qui est mienne
Pour ce pourpre profond,
Ce rouge des origines,
Celui du mariage alchimique
Des éléments quand,
Enfin,
Se réalise le grand dessein,
Quand se marient les parties,
De plusieurs à l’unité,
Quand enfin
Se crée la pierre philosophale,
Cette dispensatrice d’or,
Celle de l’ultime sagesse
Ou de l’ultime renoncement.J’ai peut être été ce sage
Penché
Sur sa cornue bouillonnante,
Son athanor chantourné
Quand de celui ci s’élèvent
Les chants
Des nouveaux mondes
À naître,

J’ai vu peut être
Ce rayonnement subtil
Courant dans le sang
De nos veines,
Cette lente et têtue
Palpitation
Comme un pouls

Lors du réveil
Cette respiration
Têtue et discrète
D’un homme perdu
En mal d’amour.

Qui me dira
Qui se cache
Derrière ce grand rideau
De velours cramoisi?
Qui se dissimule

Dans ses plis?
Quel diable

Aux pieds fourchus
Et à la langue acérée?
Quel ange au teint clair
Et aux yeux de cristal?

J’ai vu
Tout ça
Dans la lueur rougeâtre
D’un rubis
Adouci d’améthyste,

J’ai vu
La lumière piégée
Dans des labyrinthes
Sans fin.

J’ai vu
Le grand œuvre
Se mettre en route
Dans les fumées et
Les vapeurs aristotéliciennes
Dans l’ombre portée
De Giordano Bruno
Brûlé
En place publique

Par des moines dévoyés,
Aux trousses qu’il était
De l’œuvre au noir.

J’ai vu aussi
Le futur se lever
Au milieu
De ces miasmes
Qui s'élèvent
D’un vase taillé
Dans le cristal
Le plus pur
De Bohème
Et sur ses bords
Trembler
Et rouler

La goutte de sang
D’un prophète esseulé.

J’ai vu
Les grimoires
Où s’inscrivent
En soleil refusé
Les mille et un noms
D’un Dieu
Au regard absent.

J’ai baigné
Dans les lueurs rouges
D’un premier matin
Du monde,

J’ai vu la feuille trembler
Sous les assauts acérés
D’un vent
Qui s’en vient des enfers

Alors qui me dira aussi
Pourquoi
Les adeptes
Des Pyramides cachées
Se font l’écho
De troublantes confidences
Quand des dieux
Aux yeux rieurs
Fulminent
Au-dessus de monts ombragés !

J’ai entendu
Dans les couverts
Luisants
De pluies de printemps,
Se plaindre
Et geindre
Les enfants nés
D’amours adultères.

J’ai vu
Les yeux smaragdins
D’un Belzébuth
Pervers
Perdus dans les méandres

Sans fond
De marécages spongieux.

J’ai vu,
Penchées
Sur des cornues sifflantes

Mélusine, Viviane
Et toutes les fées
Bienfaisantes
Et y jeter dans un geste

Sans appel
Les mets essentiels
Au banquet
D’une fête barbare.

J’ai vu aussi
Les cavaliers
Aux selles
En peau de loup
Et aux montures
Harnachées d’or
Dansant
D’un sabot léger
Dans le sable
D’une blanche
Carrière de gypse.

J’ai vu
Le soleil éclabousser
De gouttes d’or
Les prés jaunis
De l’été

J’ai vu
Ses rayons se réfléchir
Dans les sphères
De rosée
Qui sont les larmes
De satyres du printemps.

J’ai vu
Les serpents
Du caducée,
Ces compagnons
D’Hermès
S’unir
Et s’engloutir
Dans des épousailles
Sans fin.

J’ai du être astrologue,
Alchimiste et devin,
Sculpteur
De voûtes étoilées
Arpenteur
Des vierges forêts
Éclaireur
De chemins perdus
Observateur
De soleils levant
Comme on les voit
S’étaler sur la ceinture
D’Eurydice

Et que nul
N’y trouve malice,
Et que nul
N’y cherche offense
Et qu'on veuille
Bien me rejoindre
Sur ces chemins tordus
Qui tous ne mènent pas
Vers Compostelle,
Par ce signe de ralliement
Qui fut celui des compagnons
À la coquille
Partis vers
On ne sait où

En quête
D’une lointaine étoile

Claude




2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je vais te dire Claude...
Tu as des mots qui me plaisent, pour çq que je reviens.
MAIS...
Tes poèmes sont longs...loooooongs, si longs qu'on se fatigue de les lire jusqu'au bout
Surtout quand après toi, il y a d'autres blogs encore que l'on veut visiter
Le temps presse pour beaucoup d'entre nous.
Si tu écrivais plus court, rien qu'en peu plus, on lirait jjsuqau'au bout, et on arriverait aux commentaies
Dans ton poème, il y a deux parties, pourquoi ne pas t'arrêter à la première...?
(voilà quelque chose d'essentiel que j'ai comprise: si l'on veut "accrocher" les lecteurs, les notes doivent être brèves, et fortes (de préférence)
Ne m'en veut pas de ma franchise
Amitiés

Anonyme a dit…

zut, parti avant que j'ai signé: Coumarine

Ombres légères

      J'ai récemment évoqué ici deux silhouettes féminines qui ont, plus ou moins brièvement, croisé ma vie à divers ...