2.5.06

Désert


J’étais au milieu du désert de Thar quand j’ai pensé ce poème.

Thar, ça ne vous dit rien ?

Alors, prenez un atlas et vous verrez une grande étendue vide entre Inde et Pakistan, du nord ouest du Rajasthan vers Karachi beaucoup plus au nord, c’est là.

Il est appelé aussi le Grand Désert Indien ou Mârusthali, le Pays de la mort

J'étais entre Bikaner et Jaisalmer, seul avec un chauffeur, à des lieues de tout habitat humain et ces mots sont venus mélangeant ce désert avec des images de l'Europe

Etrange action des déserts capables plus que n'importe quel autre paysage de vous transporter en quelques fractions de secondes en d'autres lieux, en d'autres temps...


DESERT

Dans les déserts couleur ocre et sang
Où est gardé le souvenir de guerres oubliées
Parmi les dunes que survolent les vents
S'entendent parfois de bien étranges mélopées
Nous parlant de conquêtes et de combats violents
Des voix qui se mêlent aux souffles déchirants

Qui sont les plaintes assourdies de vies cassées
Par de vieux capitaines ou leurs âmes damnées
Par des mercenaires des guerres de trente ans
Des lansquenets et bien d'autres brigands.

Entend s'écarteler sur la roche effilée ce vent
Qui t'enveloppe et te caresse au petit matin
Dans le désert et son silence assourdissant
Et crucifier sans pitié avec tout leur butin
Les armées en déroute et tous leurs régiments

Écoute bien ce vent méchant venant d'orient
Portant sa charge de terribles confidences
Écoute le bien quand il commence sa danse
Que tournent et s'enroulent les gémissements
Les demandes de merci ou bien les ricanements

Ce sont là les bruits et réminiscences
De tant de fureur, de tant de violence
Sur quoi s'étendent dans un remords sans fin
Les dunes mouvantes que rien ne retient.
Leur sable qui de tes mains s'écoule
Dont la forme au moindre frisson s'écroule

Est le linceul aride et l'austère humus
De ceux partis sans prière ni le moindre oremus
Tombés dans des luttes et des combats obscurs

Pour une cause perdue ou bien pour un parjure

Ils errent encore dans le grand vide indifférent
Dans ces étendues mortes refusées aux vivants
Qui ressemblent à ces champs d'après la bataille
Quand le sable s'élève comme une dure muraille
Pour garder en son sein tous ces soldats perdus
Et leurs âmes blessées sans espoir de salut.

Claude
En Inde

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Dans le Petit Prince, St Ex était lui aussi dans le désert, loin de tout... Et il a eu cette "vision" de notre monde avec ses défauts et surtout ses qualités.
Des qualités que l'on a tous en nous, pour peu qu'on ait envie de les voir...

Bises Claude.

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