30.8.06

Moriturus te salutat

La mort, voilà quelque chose dont on parle peu. Par pudeur peut être ou par inconscient désir de nier la réalité et notre sort commun.
C'est un peu comme quand on a très envie de devenir président "Y penser toujours, n'en parler jamais". Quoique dans ce domaine, les langues se délient sacrément actuellement !

Bon, j'étais jeune à l'époque (je le suis toujours mais un peu moins) et j'avais impressionné une de mes petites camarades de ces temps anciens en répondant à l’une de ses questions: As-tu peur de la mort par un « non » aussi sonore que péremptoire.

Comme je le disais, je suis maintenant un peu moins jeune, aussi comment répondrais je aujourd'hui à cette même question?

Elle:
- Cher Claude, as tu peur de la mort?

Moi:
-Non, bien sûr!!

Hein, ça a de la gueule ça, non? Courage, stoïcisme and co, ça pose son homme, non ?

Bon, allez, sérieusement qu'est ce que j'en pense?
Alors là, le Normand qui en moi sommeille, (j'ai bien dit Normand, pas autre chose), le Normand répond donc:

-Oui et non. Enfin plutôt non que oui.

Souffrir avant de passer la porte, ça oui, j'ai peur; me décrépir comme une fleur qui se fane comme disait l'autre, ça, oui aussi!

Mais de passer de l'état de vivant à celui de chose inanimée, ben ça, je m'en fous. Je serais plutôt animé par une vague curiosité de savoir ce qu'il y a une fois le seuil franchi si toutefois il y a quelque chose à voir (et entre nous, je crois bien qu’il n’y a rien à voir justement) juste une rencontre avec un cerbère qui est là pour simplement vous dire "Circulez, y'a rien à voir".

Comment savoir? Personne à ce jour n’est revenu pour nous en faire un compte-rendu précis et circonstancié même si toutefois j’ai lu de bien troublants récits de NDE (Near Death Experience)

Mais que de choses paradoxales auxquelles on assiste dans ce domaine. La vie, vous le savez comme moi a la réputation d’être une vallée de larmes, c'est comme ça qu'on dit toutefois quand on est savant et érudit.

Mais de la quitter cette fameuse vallée de larmes, ça ne fait rigoler personne, ce n’est pas paradoxal ça?

Alors qu'on pourrait d'un coup faire des économies de Kleenex, voila qu'on préfère renifler et se moucher et ne pas la quitter cette foutue vallée ou au moins le plus tard possible.

Regardez les papes, ils devraient être content, eux, d'aller voir leur chef et de lui dire:

-Eh, Chef, vous avez vu comment j'ai bossé, et combien de bonnes âmes j’ai contribué à enregistrer dans votre sainte église
Donc, ils devraient être tranquilles nos papes et se réjouir d’aller rapidement au rapport.
Eh, ben, non ! Ils s'accrochent, les saints pères ! Un jour de plus sur terre, ce n’est pas de refus, juste au cas où il y aurait un centième de point à gratter pour gagner la mention ou alors pour s’assurer le passage direct en Saint Pierre sup'.
Et voilà, le moment venu, ils barguignent, hésitent et se reprennent un coup de tiare en plus.

Alors si le représentant en chef de monsieur dieu ne se précipite pas très vite vers la sortie, que dire des sous-papes?.

Vous croyez qu'ils se bousculent au portillon, les sous-papes? Ils ont plutôt tendance à traîner les pieds, oui, nos sous-papes !
Et ici je ne parle même pas des mécréants dont je fait partie d’ailleurs. Eux, c'est simple, des pousses au rab qu'ils sont, toujours prêts à en reprendre une louche ou un petit jour en supplément voire à laisser carrément leur place au voisin si d'aventure ce dernier voulait aller sonner à la porte de l'entreprise Paradis and co en premier.

Donc la mort, vous voyez bien, c'est relatif, faut peser le pour ou le contre, faut voir quoi!

Bien ! Admettons que je meurs d'un coup, maintenant !
Enfin, pas de panique, hein! C'est juste pour du beurre comme on disait dans le temps

Bon, reprenons, je suis vivant et puis je suis mort. Vivant, je suis un moins que rien, (bon, je dis ça, mais c'est juste pour la démonstration, faut pas exagérer quand même).
Et puis, je suis mort, et là d'un coup, je deviens le meilleur, la foule en délire va dévaliser les boutiques de Kleenex à 1OO km à la ronde
"Du mieux que lui on n'a jamais rien vu depuis longtemps! Bon père, bon mari, bon citoyen qui paye ses impôts et qui dit bonjour à la concierge! Ah, c'est bien du malheur quand même, à son âge et alors qu'il avait tout pour être heureux etc. etc. et des tas d’autres inepties puisées dans le même registre.
Vous voyez bien qu'il peut y avoir des côtés sympathiques dans cette affaire là.

Du côté négatif, faut voir aussi. Penser que d'autres pourront toujours observer comment une jolie femme sait se déhancher à t'en donner le mal de mer alors qu’on sera injustement privé de ces visions qui savent donner son vrai sens à la vie
Et mon saule pleureur, hein ! Je suis sûr qu'ils vont me le tailler de travers mon saule quand je ne serai plus là et que du coup, il saura enfin pourquoi depuis si longtemps il pleure.
Et puis, tout un tas d'autres trucs vachement sympas qu’il serait fastidieux de vous énumérer ici, des tas trucs que je ne pourrai plus ni sentir ni goûter ou toucher.

Vous voyez donc qu'il y a à boire et à manger là dedans.

Mais si on prend les choses avec calme et entrain et en pesant bien le pour et le contre, c'est pas si dur que ça en définitive de parler de la mort.

Claude

4 commentaires:

Wictoriane a dit…

Je me demande si morte je songerai encore à donner signe de vie :)

claude a dit…

Ah, ben, quand mêm, ça serait bien dommage de ne plus avoir de tes nouvelles ;-))

Anonyme a dit…

Tu aimes aussi Juliette? Alors il faut que tu écoutes son interprétation du Tango funèbre de Brel, un vrai bijou.

claude a dit…

Tu penses bien que je connais déjà mais merci pour le tuyau

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