Monde de couleurs et d'images, monde sans cesse le même mais toujours recommencé et que je vous convie à parcourir en ma compagnie avec le vent pour compagnon à nos semelles
7.4.07
Du phénix à la biture
Vous le savez comme moi que les corps de métier aiment à jargonner. C'est-à-dire que les spécialistes de tout poil aiment à utiliser un langage qui leur donne l’impression de faire partie d’une « élite » dont les autres n'en possédant pas les clés sont par nature exclus. Vanité humaine !!!
Pourtant bien souvent tous ces techniciens usent de termes dont l’histoire ou les racines leur échappent là où l’observateur attentif ou simplement curieux trouvera matière à remonter mythes et temps qui les accompagne
Prenons l’exemple, si vous voulez bien du biologiste procédant à la purification de pigments par chromatographie. Il peut avoir à distinguer deux constituants affublés du doux nom de phœnicoptérine pour l’un et d’adonirubine pour l’autre. Il pourra ensuite obtenir la beta ionone, l’un des constituants de ces éléments cités ci-dessus. Vous me suivez hein ?
Revenons en donc à notre phœnicoptérine:
Dans ce constituant se cache un piment rose, celui trouvé dans les ailes du phœnicopterus roseus qui n’est rien d’autre que le flamand rose. Et derrière ce dernier se profile le Phœnix ou oiseau de feu, cet mythique oiseau solitaire qui vit 7 ans dans le delta du Nil et s’envole vers la Phénicie (le Liban actuel) pour y mourir ailes étendues au soleil pour renaître de ses cendres le lendemain.
Saura t-il faire, notre grand savant, la liaison avec la Phénicie dont les fiers marins sillonnèrent en tous sens la Méditerranée et certainement beaucoup d’autres mers en franchissant les colonnes d’Atlas
Le saura t-il que ces marins naviguaient sur des bateaux dont la proue était de forme phallique en souvenir de Cyparisius, ce beau berger dont Apollon tombe amoureux ? Zeus, jaloux, va transformer le berger en arbre, en Cupressus qui n’est autre que notre cyprès
En souvenir de cet évènement mémorable et arrivé à quai, notre marin phénicien va attacher le phallus en cyprès à la bite du quai avec une corde. Et c’est de cette façon que nait l’une de nos plus anciennes mesures connues: La biture
Et attention au matelot qui aura trop voulu célébrer Bacchus avant de toucher terre !!!
Revenons maintenant à l’autre piment, de couleur rouge celui-là et qui s’appelle l’adonirubine, vous vous souvenez ?
Ce piment se trouve lui dans les pétales d’une renonculacée, Adonis annua, tel est son nom.
Rappelez vous l’histoire : Vénus se promène et tombe amoureuse du beau et valeureux chasseur Adonis qui, malheureusement bousculé par un sanglier meurt au pied de la belle. Pour la consoler, Zeus transforme le chasseur en une fleur l’Adonis goutte de sang
C’est ainsi qu’à chaque extrémité de la molécule de phœnicoptérine et d’adonirubine, notre biologiste poète va trouver ce qu’on appelle un noyau cyclique: La beta ionone dont le nom vient d’Iona, déesse grecque des parfums
C’est grâce à cette beta ionone que l’on parvient à détacher les couleurs des éléments couleurs lesquelles seront remplacées par des senteurs au doux parfum de violette, exhalation ultime du noyau cyclique et c’est ainsi qu’on assiste à la transmutation de la magie des couleurs à la séduction subtile des parfums
Et nous voici de plein pied en terre d’alchimie en souvenir d’Al Chemesh, divinité solaire des Sémites mais ça aussi notre bien savant biologiste saura t-il le comprendre?
Nous avons donc pu, vous et moi, effectuer de concert un voyage en pays de mots et d'histoire mythique en compagnie de ces mots qui sont les fleuves souterrains de nos fantasmes et de nos rêves, dont on perd souvent le chemin de la source qui les vit naître mais qui pourtant existent et nous attendent pour abreuver nos curiosités souvent insatisfaites
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4 commentaires:
Mais ça sent quoi les ailes de flamand rose? Parce que moi j'avais compris que la couleur sublime des flamands leur venait des crevettes dont ils se remplissent la panse à tout bout de champ, alors si l'odeur passe aussi dans le pigment, je préfère rester fidèle à mon Néroli ***
ça sent rien, Ambre, les ailes de flamand rose. Simplement en présence du noyau actif, l'ionone machin, la couleur se transforme en odeur avec l'aide de la rubichose.
C'est pas beau ça?
Et ton Néroli, tu sais vraiment ce qu'il y a dedans, hein, dis voir ;-))
De gros bisous
Claude
La simplicité du coeur, de l'âme et de la tête. Rare, hélas, mais si belle et si précieuse...
ah, ben, dis donc je deviens rouge pivoine comme un Boticelli (comprenne qui pourra)
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