8.4.06

Elle m'avait dit...

Nous nous voyions entre deux avions, entre deux déplacements de ma part en ces lointains temps là. On s’était donné rendez vous à côté de l’opéra Garnier, devant la vitrine Lancel pour ceux qui connaissent.

Elle travaillait dans le quartier et c’est en repartant après avoir dîné qu’elle m’a dit ces paroles « Ensemble, on aurait pu être heureux… »

Bon, je ne m’étale pas plus, j’essaie d’expliquer tout ça plus bas

Je repasse dans ce quartier de temps à autre. Je ne fais même plus de détours pour éviter certains endroits, le temps est passé par là et il s’y connaît, le bougre, pour guérir des blessures qu’on croyait éternelles.

Avec le temps, va ! Tout s’en va…Vous connaissez la chanson de Léo comme moi, non?

Bon! Maintenant, je vis de moins en moins à Paris, je passe beaucoup de ce fameux temps là à la campagne

Le printemps nous est tombé dessus alors qu’on ne l’attendait presque plus. C’est qu’il a été long ce dernier hiver ! A se demander si on allait en sortir. Et dire qu’avant j’aimais la neige. Là aussi, j’ai bien changé.

Mes deux bouleaux se sont enfin réveillés mais c’est surtout le saule pleureur qui a pris quelques longueurs d’avance.

Entre 8 et 10 mètres qu’il mesure. On l’avait planté ensemble avec un ami qui est mort depuis. Pas à cause de ça, je vous rassure. Jean-Baptiste, c'était mon ami. Une saloperie de cancer, comme d’hab.

C’est resté le saule à Jean Baptiste quand on en parle. C’est lui qui avait essayé aussi de m’initier au maniement de la faux pour couper les mauvaises herbes.

Je suis sûr que si sous ses six pieds sous terre, il lui arrive de penser à moi comme je pense souvent à lui, il doit encore en rigoler de me voir faire.

Je m’en fous, depuis j’ai acheté une tondeuse, ça fait du bruit d’accord mais au moins, les herbes sont coupées

Mais il faut que je prenne des précautions pour aller dans le jardin quand même sinon je vais encore me faire engueuler par le couple de merles qui m’acceptent bien en général sauf quand ils sont en train de faire leur nid dans la haie derrière.

Alors, je ne m’approche pas trop près car je sais qu’ils n’aiment pas ça et qu’ils se méfient de moi, bien à tort mais vous savez ce que c’est l’instinct parental.

Mais je ne m’en fais pas, je sais qu’on redeviendra copains dès que les petits prendront leur envol.

Bon, vous vous en foutez probablement de mes petites histoires douces-amères et vous avez bien raison. Je vous quitte donc pour aller vaquer à d’autres occupations…

Vous n'étes pas non plus forcés de lire la suite.

TU M'AVAIS DIT...

Ensemble,
On aurait pu être heureux
Tous les deux.
Tu m'avais dit ça
Il me semble
Un soir comme ça
Je ne le savais pas,
Pas encore
Que c'étaient nos adieux
Qu’allaient se séparer nos corps
On aurait pu ensemble être heureux
Ensemble doucement devenir vieux
Mais dans tes yeux
Il y avait tout le désespoir du monde
Quand le chagrin lâche la bonde
Nous allions partir amputés
Chacun de notre côté
Amputés et condamnés
Sans fin à errer
Toujours à la poursuite
En une éternelle fuite
De cette autre moitié
Qui faisait de nous
Une seule entité
Nous avions été fous
On s'était cru capable
De pouvoir rester à table
Mais après tant de batailles
À se défendre à corps perdu
D’estoc et de taille
La guerre fût finalement perdue
Nous aurions pu
Ensemble être heureux
Mais la vie ne l'a pas voulu
Elle nous aura fait vieux
Chacun de notre côté
Isolés, tristes et désespérés
Nous aurions pu être heureux
C’étaient de simples mots
Mais c'étaient tes adieux
Et ce furent tes derniers mots
Avec tout le désespoir du monde
Quand le chagrin lâche la bonde

Et nous sommes partis amputés
Chacun de notre côté
un peu équilibristes
Un peu unijambistes
Amputés et condamnés
Sur les routes sans fin à errer

Claude


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