11.5.07

Scène de là-bas




Qu’exprime t-elle cette main dressée sur fond de ciel de mousson
C’était sur les rives boueuses et sales de la Hooghly river, pas très loin de Calcutta qu’on dénomme maintenant Kolkata depuis qu’un parti hindouiste au pouvoir dans les années 90 a décidé de changer les noms à consonance un peu trop occidentale ou rappelant de trop près la colonisation anglaise.

Oui, que signifie ce geste, cette main qui se lève en offrande vers l’immensité des eaux ?
Quémande t-elle au dieu fleuve de lui apporter sa manne nourricière à base de limon fertile ou lui demande t-elle d’arrêter cette inexorable montée qui ronge chaque jour un peu plus les rives et rend impropre à la culture de plus en plus de terres jusqu’alors cultivées
Ou célèbre t-elle le souvenir d’un être aimé et sa rencontre espérée du nirvana pour son âme enfin libérée de son enveloppe terrestre?
Ou remercie t-elle dans ce matin moite et à l’affût des pluies son dieu de lui avoir permis de trouver un amoureux capable de la mettre à l’abri de la dureté de la vie dans ces terres mi-solides, mi-aquatiques?
Ou demande t-elle que vienne l’enfant tant espéré, un garçon bien sûr, qui saura continuer le travail de son pêcheur de père?

Et la fumée de cette offrande odorante et légère lentement monte vers le ciel pour aller se mélanger aux nuages qui passent au dessus des têtes comme un ruisselet se fond dans la grande matrice des océans

J’ai visité beaucoup de pays mais qu’en ais-je su exactement? Je crois trop souvent m’être arrêté à la surface des choses en passant à côté de l’essentiel, cet essentiel exprimé par exemple dans une main qui offre ou qui implore.

J’aurais aimé comprendre et savoir la signification de ce bras levé, je me suis contenté d’appuyer sur un déclencheur et j’ai gardé l’impression de cette main suspendue entre ciel et terre comme celle d’un spectacle auquel je participais non comme simple voyeur mais partageant un geste fugitif qui donnait sa cohérence à la beauté de cette simple scène là

Quand elle a rabaissé le bras, elle s’est retournée vers moi et doucement m’a souri, j’ai su que pendant une seconde de brève éternité, nous avions, elle et moi et au delà de nos différences, vibré sur une identique longueur d’onde se déroulant comme celle qui lentement s’écoulait à nos pieds…

Claude

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Et c'est déjà beaucoup...

claude a dit…

ouais, tu as bien raison...

Ombres légères

      J'ai récemment évoqué ici deux silhouettes féminines qui ont, plus ou moins brièvement, croisé ma vie à divers ...