25.7.06

Les voyages immobiles (5)




ESCALADE

La verticalité des mondes minéraux m’oppresse, je sens en moi le silence et le poids des pierres. Il m’arrive d’être parfois sujet au vertige et ceci explique peut être cela.
Je reste interdit et admiratif devant ceux ou celles qui se lancent à l’assaut d’une paroi verticale, progressant collés à la parois, en recherche de prises et appuis, s’élevant à la force des bras, lentement vers le sommet salvateur. Et parfois, c’est la chute brutale, le plongeon sur fond d’azur.
Ont-ils le temps de revivre toute leur vie comme on le prétend dans ces quelques secondes au mieux que leur accorde le fil interrompu ou alors ont-ils déjà coupé le contact en vue du choc qui mettra fin à leur vie
Des conquérants de l’inutile les a-t-on appelés. Mais ne sommes nous pas tous de ces conquérants de l’inutile qui tournent et virevoltent à la poursuite chacun de sa chimère
Ce rêve (quand j’arrive à m’endormir) revient souvent et je me réveille, le cœur au bord des lèvres, une descente vertigineuse filant le long de parois à peine suggérées, des parois lisses sans possibilité de prise avec chaque cellule de mon corps en l’attente de l’atterrissage brutal . Un cauchemar à l’état brut avec le vide et le néant pour décors
Je me souviens de ce type que j’ai du aller rechercher au dessus de moi alors que pétrifié par la peur, il se tenait collé au rocher, incapable de faire le moindre mouvement. J’ai du le convaincre de placer ses pieds, l’un après l’autre, sur des aspérités de la roche. Il a fini par reprendre confiance et à suivre mes instructions. Curieusement, je n’ai ressenti aucun vertige, trop occupé par ma tâche. En arrivant sur la plate forme en contrebas et en sécurité, il s’est assis et a pleuré. Nous n’avons jamais reparlé ensemble de ce «sauvetage»

Ce n’est certainement pas ce minuscule souvenir qui alimente mes persistantes insomnies, seulement le sommeil à trouver m’est aussi difficile qu’une paroi à gravir et je poursuis mes voyages immobiles en conquérant de l’inutile comme celui qui escaladait les montagnes simplement parce qu’elles étaient là, je vis quant à moi simplement parce que je suis là

Claude


5 commentaires:

Anonyme a dit…

Beaucoup d'entre nous vivent parce qu'ils sont là...
Je crois en effet que nous sommes aussi un certain nombre à nous sentir des conquérants de l'inutile. Et entre regret et réalisme, je ne sais laquelle est la meilleure attitude...

claude a dit…

C'était mon coup de blues du soir, Véro. La canicule qui n'en finit pas y est peut être pour quelque chose.
Je te fais de gros bisous

Anonyme a dit…

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