5.12.06

La vallée perdue




Il y a Kyria, Kyria la noire venue des dunes de la lointaine Afrique avec ses nattes et des yeux de charbon ardent
Et Tiriiit, l’oiseau tige, de vert et de jaune habillé, l’oiseau au chant d’or entrecoupé de cris aigus pareils à ceux des enfants libres et son ami Priiit, aux ailes de jais et au corps rouge, Tiriiit et Priiit, la grande et la petite aiguille d'un temps qui ne veut pas passer
Et le cap’tain Pattes-courtes au gilet de peau de mouton et qui sait les secrets de la mer et qui veut bien les partager avec ceux qui ont su garder des traces de brume au fond de leurs yeux
Et aussi le loup, N’a-qu’un-œil, l’autre perdu dans un combat avec l’ancien roi de la meute, le loup silencieux et furtif comme l’ombre de la la feuille qui tombe en abandonnant son arbre
Et celui à la mine sombre qui agite de ses mains usées ses mille gris-gris et amulettes et qui sait trouver sa voie sur les routes oubliées: Gnathon, le sorcier, vêtu de peaux de bêtes avec son corbeau bavard et suspicieux perché sur son crâne comme un chapeau informe, Gnathon dont jusqu’au nom fait peur et qui est le gardien des portes de l’enfer
Et la princesse, Emelrinde, dont la peau se pare des cristaux des neiges éternelles, dont la chevelure n’est qu’un souffle de printemps et dont la robe a été tissée de gouttes de rosée et Flora la rose, son amie qui meurt le soir pour lui revenir au matin et dont les corolles s’animent du visage des navigateurs disparus sous la crête des eaux troubles
Et l’oiseau noir dont nul ne sait le nom et qui, au dessus des têtes, lance son cri de guerre régulier comme la corne de brume qui appelle à la vie des rochers déchirés
Et le cheval bleu à la crinière blonde qui à peine effleure l’émeraude de l’herbe du bout de ses sabots légers et qui porte sur son dos celui-là à la longue chevelure brune qui galope vers un amour perdu
Et les murmures de la forêt quand s’agenouillent les chênes dans la clairière où la lune de ses rayons trace les ronds de sorcière pour y semer ces champignons faits pour ouvrir la porte aux rêves
Et les toits du château, aigus et couverts du chaume pris aux moissons de l’été, le château enchanté où résonnent les bruits de la fête, le château où les portes de bois épais s’entrouvrent pour laisser s’échapper en longues farandoles courbant à leur passage les longues tiges de blé les mesures de la mélodie des temps révolus…

Claude

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Très belles mosaïques, autant dans les mots que dans l'image. Bravo pour les mots ;-)
Des bisous

claude a dit…

tu sais, en écrivant ça, ça m'a rappelé les conteurs bretons de mes lointaines veillées
Bretagne où je suis jusqu'à vendredi avant mon retour à Paris

A bientôt, Véro et gros bisous

Claude

Anonyme a dit…

Cher Claude, ce beau collage est-il de toi?
Je t'embrasse

claude a dit…

Eh oui, chère Ambre, I am the little genius from the web mais je m'aide de photoshop et de word, bien sûr
A mon tour de t'embrasser

Claude

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