30.12.06

Bergeronnette, mon amie...




C’est la plus assidue, la plus fidèle aussi. Je voix bien de temps à autre une bande de moineaux voyous qui se chamaillent et se querellent autour de quelques brins de nourriture et qui doivent écumer l’une après l’autre les maisons environnantes et aussi le couple de merles, la merlette avec une robe plus claire que celle de son digne époux et qui ont élu domicile dans la haie qui borde la route qui va vers l’école.
Mais la plus fidèle disais-je c’est la bergeronnette. Elle a réduit progressivement la distance de garde qui toujours sépare un animal sauvage de l’homme, elle s’envole maintenant à mon approche au tout dernier moment et se perche sur le muret de la cour d’où elle peut m’observer tout à loisir
C’est la plus assidue parmi tous ces oiseaux qui sont là à demeure dans ce pays d’Arcoat et elle lui arrive parfois d’effectuer un drôle de ballet sur ses pattes grêles tout en ébouriffant ses plumes quand les miettes tant attendues tardent à arriver. Une danse de séduction probablement tendant à dire: Regarde comme je suis belle et comme je sait faire des tas de trucs sympas. Tu ne vas quand même pas laisser mourir de faim un pareil phénomène !
Bien sur que ses efforts et son attente sont promptement récompensés
Récemment, que lui a-t-il pris? Elle est entrée dans la maison, affolée elle a décrit plusieurs cercles, incapable de retrouver le chemin de sortie. Je ne suis pas intervenu et j’ai attendu qu’elle se calme. Finalement, elle s’est posée et s’est recroquevillée dans le coin d’une fenêtre.
C’est là que j’ai pu la prendre délicatement dans la main en m’abstenant de tout geste brusque. Elle s’est abandonnée à son sort et quand ma main s’est refermée sur elle la maintenant au creux de ma paume, nos regards se sont croisés et j’ai pu percevoir du bout de mon index les battements de cœur minuscule battant à grande vitesse.
Dés que j’ai franchi le seuil, j’ai ouvert grand la main et, immédiatement, elle a pris son envol avec un long cri aigu : Remerciement, soulagement, que m’a dit ma petite bergeronnette ? Allez savoir mais l’aventure ne la, semble t’il, pas trop traumatisée car elle est toujours là attendant son repas et les miettes qu’on lui répand.
Toutefois, je crois bien qu’elle ne s’approche plus si près de la porte d’entrée afin probablement de n’être pas aspirée dans ces pièges à bergeronnette que constituent les maisons des hommes, chacun sait bien cela.
Et pendant ces brèves secondes où j’ai tenu dans ma main ce petit corps tiède et doux, j’ai été submergé non pas par un sentiment de toute puissance devant ces quelques grammes de vie palpitante mais par un sentiment de communion.
Nous partageons, bergeronnette et moi la même terre, nous sommes elle et moi fait de la même poussière d’étoiles et pendant quelques fractions de temps, elle la minuscule et moi le grand nous nous sommes retrouvé sur un pied d’égalité, voisins de palier en quelque sorte et parties essentielles du même grand tout, elle et moi, ni plus ni moins.

Claude

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu sais que j'ai pensé à toi hier? Si, si, c'était au moment où entre Marrakech et Agadir nous avons survolé l'Atlas à basse altitude, les portes du désert. Ce spectacle est grandiose, d'une puissance extrême et pourtant si fragile. Les variations de brun déposées en couches régulières et d'une harmonie parfaite, veinées et poudrées de blanc. Tu ne peux plus en détacher ton regard, tu pourrais en pleurer de beauté. Nous étions si près que j'avais l'impression qu'un simple saut de quelques mètres m'en séparait sous ce ciel turquoise.
Je vois d'avion ce paysage extraordinaire et il me fait penser à toi, c'est sympa non?

Je t'embrasse et te dis frohes neues Jahr!

Anonyme a dit…

De novembre à mars, ma mère nourrit quotidiennement les oiseaux. Des gamelles de graines et des cacahuettes natures (celles que l'on épluche) achetées exprès, cacahuettes qu'elle décortique et écrase difficilement de ses mains douloureuses déformées par la polyarthrite, et des boules de graisse. Chaque fois que je la regarde s'occuper de "ses" oiseaux je suis profondément émue. Ils sont rigolos les bougres, ils font un véritable ballet toute la journée pour venir picorer ce qu'il y a dans les gamelles, s'enfuient dès que quelqu'un apparaît derrière une fenêtre mais ne vont jamais très loin et reviennent aussitôt continuer leur repas en nous surveillant du coin de l'oeil...

claude a dit…

Ambre, ein sehr freues neues Jahr fur dich auch!
Tu connais bien sûr la chanson de ta grande amie Juliette "s'il pleuvait des larmes". Eh, bien c'est là dans ces endroits que tu as survolé quelles devraient tomber ces larmes pour ensemencer le désert et y faire pousser des roses des sables multicolores et s'écouler ensuite vers le grand océan salé où tout s'efface en étincelants ruisselets du souvenir
Ich küsse dich!!

claude a dit…

Véro, j'ai oublié le rouge-gorge et les grives parfois et des tas d'autres que je n'arrive pas à identifier
Tout ça fait des guirlandes colorées et changeantes qui se déploient en arabesques compliquées et dont je ne me lasse pas
Mais il me manque l'incroyable symphonie auditive donnée par les oiseaux aux matins de réveil au Corbett Tiger Park, là bas, au nord de l'Inde...
Et un bisou que je n'oublie pas et gros bien sûr

Claude

Anonyme a dit…

ce que je ressentais à vous lire, je le retrouve un peu dans la bergeronnette et dans les mésanges de chez moi. vous vous ressemblez, elles et vous. vous avez l'impatience et l'envie, les élans, la drolerie et la gravité, mais surtout, surtout, lorsque vous l'avez tenue dans vos mains, vous ne l'avez pas su mais je crois bien que ce que vous avez reconnu, c'est cette peur, et cette fragilité là. au fond.
take care
Lou

claude a dit…

La peur et la fragilité sont notre lot à tous et devant elles, c'est vrai que nous sommes tous des bergeronnettes sauf que dans mon cas, je sais beaucoup moins bien qu'elle ébouriffer mes plumes ;-))

Anonyme a dit…

mais si, les frissons, et bien c'est le même principe ! (...rires, cherchez pas les plumes, je parle des poils)
moi ce qui me fait peur, c'est de les voir s'approcher de plus en plus près.
et puis c'est l'inconscience des hommes aussi. et puis leur toute puissance, celle qu'ils pensent avoir, sur cette planête...la futilité, tant de bêtise...et puis aussi voir qu'on apprend rien, qu'on refait au final toujours les même erreurs. et puis et puis...

Il y a des jours où j'ai peur de rien et où tout est allégresse, même si je n'oublie jamais rien de tout le reste.

va comprendre...disait l'autre.

:)

claude a dit…

c'est drôle, j'avais presque oublié ce texte et me voilà en train de le relire, je dois être un bien piètre père qui oublie si facilement ses enfants
Moi aussi, j'ai des jours avec et des jours sans et je n'oublie jamais rien (sauf mes textes au fait) alors qu'il y a tant de choses que je voudrais rayer de ma mémoire. Plus difficile à faire qu'à dire bien sûr...

Anonyme a dit…

dites, z'auriez pu me dire que je vous faisais un festival de fotes daurtografes :)
vous aviez oublié. moi je vous lis peu à peu. en fait je vous lis depuis que j'ai cessé mon blog à moi. celui où je ne faisais qu'écrire. j'ai souvent envie de laisser des messages partout mais... il y a des souvenirs qu'ils ne faut pas remuer.

on dit que si on n'oublie pas, c'est parce qu'on a pas d'images assez belles pour coller par dessus ce fatras de trucs qui nous encombre.

je vous poserai mes images, mais je doute qu'elles suffisent.

on ne sait jamais, le pouvoir d'une petite goutte d'eau contre des océans que j'ai du mal à imaginer faits que de larmes.

tu ...vous. qu'importe. on verra bien.
Lou

Anonyme a dit…

dites, z'auriez pu me dire que je vous faisais un festival de fotes daurtografes :)
vous aviez oublié. moi je vous lis peu à peu. en fait je vous lis depuis que j'ai cessé mon blog à moi. celui où je ne faisais qu'écrire. j'ai souvent envie de laisser des messages partout mais... il y a des souvenirs qu'ils ne faut pas remuer.

on dit que si on n'oublie pas, c'est parce qu'on a pas d'images assez belles pour coller par dessus ce fatras de trucs qui nous encombre.

je vous poserai mes images, mais je doute qu'elles suffisent.

on ne sait jamais, le pouvoir d'une petite goutte d'eau contre des océans que j'ai du mal à imaginer faits que de larmes.

tu ...vous. qu'importe. on verra bien.
Lou

claude a dit…

ah, ben, les fautes d'orthographe, je m'en contrefout et le correcteur qui va avec blogger arrange bien les choses
Pour ce qui est de me relire, eh, ben, y'a des trucs dont je ne suis pas particulièrement fier mais je m'en voudrais de gâcher votre éventuel plaisir ;-)

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