1.10.06

En couleurs




J’aime bien cette image. La nature jette ses derniers feux, les feux de l’été indien. Ce petit répit avant les frimas et les paysages en noir et blanc.

Toutes les couleurs jetées comme sur la palette d’un peintre et Dieu sait combien de peintres ont tenté de capter la plus infinitésimale parcelle de lumière pour en jouer avec l’ombre afin de souligner toutes les subtilités et les nuances de ces vibrations d’ondes qui sont la vie même. Vous avez vu les nymphéas je pense et là tout est dit sans qu’il soit nécessaire d’en rajouter

Je l’ai vue dans ce marché aux fleurs dans l’air léger d’un matin de fin de septembre. L’été jouait les prolongations avec cette grâce que prennent les choses qui vont mourir et qui le savent.
Un air transparent et des feuilles aux arbres qui s’habillent d’un festival de nuances à leur périphérie avec encore assez de vert pour noud faire regretter les jours heureux et chauds de l’été en transition
Je l’ai vue dans ce marché où je n’avais rien de précis à faire, nos regards se sont croisés l’espace d’un bref instant. Et j’ai été frappé au cœur par la couleur de ses yeux, d’un bleu profond, intense, incroyable, un bleu iris et le blanc autour qui donnait à regard une intensité comme j’en ai rarement vu.
Elle s’est arrêtée à un stand pour acheter quelques fleurs et, je l’aurais parié, son choix s’est porté sur des iris. Je m’étais arrêté presque face à elle de telle sorte que je puisse me baigner dans cette intense clarté, de ce prodige que nous offre parfois la nature comme pour nous faire encore mieux regretter de devoir un jour la quitter
J’aurais bien demandé à la vendeuse de prolonger la préparation du bouquet mais ce dernier finit par passer dans les mains de l’acheteuse au regard d’iris
J’ai demandé pour ma part quelques roses et j’ai suivi des yeux une silhouette qui remontait l’allée bordée d’arbres de rouge et d’or. J’ai regardé une silhouette qui disparaissait là-bas au coin d’une allée, une silhouette qui aurait du depuis longtemps disparaître de mes souvenirs mais qui aujourd’hui encore gaiement marche dans une circonvolution de mon cerveau,à peine une légère égratignure sur un de mes neurones vagabonds
Peut être aussi la dame d’âge mur à qui j’ai tendu ces quelques roses en disant - C’est pour vous !- avant de reprendre mon chemin de retour et sans m’arrêter à son air surpris, s’est-elle aussi rappelée longtemps de ce matin d’allégresse et de couleurs mélangées. C’est, ma foi, toute la grâce que je lui souhaite !!


Claude

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