Monde de couleurs et d'images, monde sans cesse le même mais toujours recommencé et que je vous convie à parcourir en ma compagnie avec le vent pour compagnon à nos semelles
9.9.07
Soliloque
Comme d'habitude, étendu nu à tes côtés nue aussi, j'avais laissé ta chaleur se communiquer à la mienne
Comme d'habitude aussi, tu m'avais regardé avec cette interrogation au fond des yeux avec ces questions que je sentais poindre et auxquelles je n'avais pas su souvent répondre
Ce soir, dans le silence du village endormi, des souvenirs me reviennent de ces temps là et ce sont peut être ces réponses que tu attendais qui surgissent en moi venant des ombres du passé: Des mots, des phrases que je n'ai pas su prononcer et qui m'envahissent au bout de ces années où scintille là-bas le phare des derniers espoirs...
Ce soir là, je n'avais pas voulu que nous fassions l'amour, j'avais voulu te faire l'amour ce qui, tu en conviendras, est bien différent
J'avais voulu prendre part à ce voyage par lequel parfois s'évadent les femmes dans l'amour et dont beaucoup d'hommes s'excluent par manque de patience, par incompréhension ou en laissant conduire seuls vers leur propre plaisir
Je voulais voir le désir monter en toi, jauger son intensité, le mesurer à la dureté d'un clitoris durci butant à la dure barrière de mes dents, à la douceur chaude et humide de ton sexe inscrite sur la longueur de mes doigts, imprimée sur les pupilles de ma langue inlassablement en quête de ton odeur et du velouté de tes muqueuses cachées
J'avais voulu entendre ce râle qui accompagne les vraies paroles d'amour exprimées dans l'acte d'amour.
J'avais voulu être avec toi et en toi, en parfait voyeur en ne retirant de cet état aucune honte inutile et sans fausse pudeur.
J'avais voulu graver au fond de ma mémoire le spectacle de ton visage renversé, dos arqué et gorge offerte avec dans tes yeux mi-clos l'éclat de ces étoiles vers lesquelles tu cinglais, je voulais être la vigie te guidant vers tes terres inconnues... je voulais tant que nous naviguions ensemble
Et après que tu eus touché terre, tes yeux plongeant dans les miens, tu avais voulu jauger de la force de mon désir, ma main enserrant mon sexe et s'exprimant en fin de course en source jaillissante
Nous nous étions ainsi chacun à notre tour offert à l'autre dans ce paroxysme où la chair échappe à tout contrôle en longs frissons modulés qui sont comme autant de marches à gravir pour enfin toucher à ces quelques fractions de secondes d'éternité qui sont le sel de la vie
Nous avions cette nuit là tenter de répondre à ces questions qui depuis longtemps nous hantaient dans ce livre miroir de nos visages ouverts chacun à la lecture de l’autre
C'est ce même matin que je devais partir pour l'un de ces périples qui allait me tenir éloigné pour des semaines, voire des mois
C'est ce même matin que tu m'as dit que nous ne nous reverrions plus.
C'est ce même matin que, navré j'ai laissé mon regard s'abîmer une dernière fois dans le tien. Nous savions l'un et l'autre notre impuissance à changer l'ordre des choses et, en partant, j'ai doucement refermé derrière moi la porte de ta chambre...
Et cette question me hante depuis tous ces temps:
Qu'as tu fait de ta vie face à la mienne dont je n’ai su faire que des lambeaux…sans toi.
Claude
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