17.9.07

singin' in the rain

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Il pleut ce matin et j’entends, infatigables, les gouttes taper contre les velux du grenier où je suis…
Je t’avais dit un jour que l’harmonie que je trouvais dans ces bruits mouillés provenait selon moi de notre présence pré natale dans le ventre de la mère. Ça t’avait fait te marrer. Je crois que tu avais raison d’ailleurs.
Quelle foutue idée que cette idée là ! Foutue idée en effet, évoquer ma mère, son indifférence coupable à mon égard, le manque total de communication entre nous, son départ sans même tenter un mot d’explication, sans manifester une ombre de remord pour ce qu’elle a fait.
Alors même l’évocation de son utérus dans lequel j’ai passé quelques mois, probablement en intrus, me met maintenant mal à l’aise…
Putain ! Quelque soit l’âge qu’on a, les blessures de l’enfance ne se referment jamais. Jamais ! Quoiqu’on fasse. Putains de souvenirs !
Pourtant, soyons juste, des souvenirs y’en a des chouettes parfois…
Tu t’en souviens, dis moi, de la descente à pied de cette rue d’un village au Népal dont j’ai oublié le nom sous la pluie de mousson.
Et nous deux sous un grand parapluie pour famille nombreuse fourni par le chauffeur de notre voiture qui, pas con lui, était resté bien à l’abri à l’intérieur.
Et nous deux descendant la rue principale sous le déluge et sous les yeux éberlués des habitants du coin qui ont du nous prendre pour des extra terrestres ou de totaux farfelus.
Même qu’ils n’avaient pas franchement tort pour cette deuxième assertion !
Et il fallait drôlement faire gaffe avec l’eau qui ruisselait partout et éviter les mares qu’elle formait entre les pavés disjoints et les bouses qui parsemaient le chemin.
Les vaches, les chèvres, poules et compagnie, tout ça s’était réfugiés dans les maisons avec leurs habitants et nous deux comme deux cons en train de descendre cette putain de rue et pour la remonter, on a failli le faire à quatre pattes.
Un spectacle où un autochtone du haut moyen âge sous nos latitudes ne se serait pas senti dépaysé, probable !
A un moment, en remontant les Champs-Elysées du coin, on a même du s’accrocher pour ne pas déraper à une effigie de Ganesh posée là à un coin de rue.
Quel sport ! Un remake de « chantons sous la pluie » sauf que je suis pas sur que Gene Kelly et Debbie Reynolds aient du slalomer entre des merdes de vaches et s’accrocher à un éléphant pour ne pas se foutre la gueule par terre…

Il pleut toujours autant.
Maintenant le bruit de la pluie n’évoque plus rien pour moi.
Alors je vais mettre un casque et me plonger dans l’écoute de Louis Amstrong des années d'avant guerre. Satchmo avec les hot Fives & Sevens: Wild man blues, Willie the weeper et king of the Zulus…
Et peut être que je vais pouvoir me retrouver dans le quartier des halles des années soixante, sous un sou en poche entre les cageots de choux fleurs et les mecs qui portaient sur leur dos des carcasses de bœufs, dans l’odeur des bouquets de fleurs mélangée à celle du sang et à celle des fruits et légumes plus ou moins frais de fin de nuit.
Je vais aussi peut être pouvoir me retrouver là, dans ces années là avec mes potes américains de l’époque et je vais fermer les yeux et je vais penser à Monty Clift dans « Tant qu’il y aura des hommes » en train de jouer la sonnerie aux morts pour son pote disparu, ol’blue eyes, Frankie Sinatra et même que c’était un temps où le cinéma avait encore quelque chose à dire.

Avec du pot, à force de penser à tout ça, je vais peut être finir par oublier qu’il pleut dehors, qu’il commence à faire froid et que tout ça m’emmerde au plus haut point.
Heureusement si c’est le cas car je suis obligé de me restreindre le whisky, cette brosse à atténuer les bosses de la route, sinon je vais me faire engueuler une fois de plus par mon docteur


Claude

7 commentaires:

Anonyme a dit…

L'une de mes comédies musicales préférées...

claude a dit…

Moi, ce que je préfère, ce sont certains de nos après midi...

Anonyme a dit…

Ne me dis pas que tu carbures au pétrole, comme Gene Hackman dans French Connection?! Nein, Scherz ;-) mais fais attention quand même, ça donne de la couperose ce truc...

♥♥♥
Ambre

claude a dit…

Crois moi si tu veux, chère Ambre, j'ai toujours (j'allais dire un teint de jeune fille, non! Faut pas exagérer quand même), j'ai toujours un teint de pêche en dépit de quelques whyskies de ci de là

Ich küsse dich, liebe Ambre

Claude

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup le bruit de la puie qui tombe. En particulier, quand je suis dans mon lit et que je l'entends véritablement piler dehors. Je l'imaginer tomber drue, formant comme un rideau.
J'aime aussi la regarder.

Tout comme j'aime bien écouter le vent, quand je suis dans mon lit. Ou regarder les orages la nuit.

claude a dit…

Dommage, Tippie, que tu n'aies pas été au Népal en ballade en période mousson. Tes goûts en auraient pleinement satisfaits ;-))

Claude

PS: Ton post sur la mort m'a amusé mais aussi beaucoup ému à le lire entre les lignes...

Anonyme a dit…

laisse la pluie tranquille, c'est pas elle que t'aime pas....

je t'embrasse
Lou

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