Vous avez vu sans nul doute comme moi ces images de l’exécution de Saddam Hussein. Difficile d’y échapper tant elles sont présentes sur tous les divers types de média utilisés. Que l’homme soit un absolu salaud, je crois que ça ne fait aucun doute mais j’éprouverai toujours la même gène et le mot est faible de voir des hommes « préparer » l’un des leurs au trépas.
Dans cet ordre d’idée deux images continuent de me hanter.
La première est relative à une scène qui se passe dans l’Europe occupée lors du deuxième conflit mondial. Un groupe d’hommes s’affaire autour de quatre ou cinq personnes déjà juchées sur des chaises ou des tabourets. On va pendre ces gens.
Qu’on t-ils fait ? L’histoire ne le dit pas, la caméra de son oeil glacé se contente d’enregistrer la scène. Elle s’attarde un moment sur un homme, grand, vêtu d’un manteau et portant la barbe. L’un des bourreaux s’approche de lui, la corde à la main et l’homme obligeamment penche la tête vers celui qui va lui ôter la vie.
Ce dernier va alors lui enlever le chapeau que l'homme porte et qui le gène pour passer la corde, ceci fait, civilement, « gentiment », en quelque sorte, le bourreau va remettre ce chapeau en place en prenant la peine de l’ajuster correctement.
Et ce geste est pour moi le comble de l’absurde au milieu de cette tragédie. Mettre quelqu’un à mort en prenant soin que son chapeau soit bien en place.
Eternelle question du comportement humain et de ses agissements les plus inattendus…
L’autre image qui aussi me hante ne dure que quelques trop longues secondes. Elle est relative à cette terrible période de l’épuration qui suivit la libération de la France entre 44 et 45 dont on parle peu et dont nous n’avons pas collectivement à être très fiers.
Là aussi la caméra, impitoyable, s’attarde sur un corps pendu par les pieds à la flèche d’une grue. Il s’agit d’une femme, jeune, les cheveux longs flottants dans le vide. Il semble qu’elle ait été battue et torturée. Elle va probablement mourir et la foule, autour d’elle, se repaît du spectacle.
Qu'avait elle réellemnt fait? Mais quelle importance, rien qui puisse en tous les cas justifier un pareil traitement et une telle mise en scène
Et la foule présente, toujours égale à elle-même, la foule imbécile, dangereuse et avide de sang et de sensationnel, cette foule à laquelle je me frotte de temps à autre pour mesurer l’absolu sentiment de répulsion qu’elle m’inspire.
Nous sommes maintenant en 2007, y aura-t-il un jour de premier de l’an pour penser que la barbarie nous a quitté?
J’ai peur que ce ne soit pas pour aujourd’hui ni pour ces jours de l’an à venir… Malheureusement et les regards noirs que je porte sur le monde qui nous entoure risquent de rester encore longtemps de la même tonalité!
LES TONDUES
C’est une image qui me hante
Une du milieu des années quarante
Des femmes au regard d’enfants perdus
Jetées apeurées au regard de la rue
Et dont peut être le crime n'était
Que d'avoir osé aimer
Un envahisseur abhorré
Des femmes aux crânes rasés
Promenées, exhibées humiliées
Et à qui de vaillants chasseurs
Et d’implacables sectateurs
Firent payer chèrement
Quelques minutes de pauvre égarement
Eux qui, hier, encore, rasant les murs
Avant que de raser des crânes
Passaient devant les devantures
En ayant peur de leur reflet diaphane
C’est une image qui encore me hante
Ce bétail dans le fond d’un tombereau
Qu’une foule ivre de ressentiment
Accompagne pour avoir sa part de sang
Tondue, avilie, c’était la fiancée du boche
C’était la putain la plus moche
Celle qui prolongeait la défaite
C’était cette petite au regard d’enfant
C’était ce pauvre corps saignant
Au visage tuméfié, à la mine défaite
C’était dans le milieu des années quarante
Et encore aujourd’hui cette image me hante
Claude
Monde de couleurs et d'images, monde sans cesse le même mais toujours recommencé et que je vous convie à parcourir en ma compagnie avec le vent pour compagnon à nos semelles
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8 commentaires:
Tu sais ce que je pense de la foule et à quel point je la crains. Mais il y a des crimes tellement horribles, il y a des hommes tellement inhumains, comment les empêcher de torturer et de tuer si ce n'est en les tuant eux-mêmes ?
Je me souviens d'un débat sur la peine de mort au lycée, je devais avoir 13 ou 14 ans. J'étais une des rares à être contre, et le professeur l'a demandé d'expliquer mes arguments. J'ai simplement répondu "parce que personne d'autre que moi n'a le droit de tuer celui ou celle qui a torturé les miens, je voudrai le faire moi-même". Je te laisse deviner le silence dans la salle de classe...
Tout ça pour dire qu'il y a des crimes atrices et qu'il faut les punir. Je n'ai pas de solution à proposer, mais il est clair que 20 ans d'emprisonnement n'empêcheront jamais un tueur d'avoir envie de torturer et tuer, et de le faire à nouveau. Et en disant ça je pense tout particulièrement aux violeurs et tueurs d'enfants. Pense-tu vraiment que l'on puisse en toute impunité les relâcher dans la nature ? Tu parles dans ton post d'erreurs judiciaires et de "crimes" qui n'en sont pas. Mais que fais-tu des véritables monstres humains ?
En fait j'ai surtout tenter de dire mon trouble à la vue des préparatifs à l'exécution de Saddam. D'après ce que j'en sais, il méritait cent fois son sort, c'est le mise en scéne préalable qui me met mal à l'aise
Aux US, les monstres humains comme tu les qualifie condamnés à la prison à vie y restent jusqu'à leur mort ce qui résoud au moins le problème de possibles ou probables récidives.
Les erreurs judiciaires ou "crimes" qui n'en sont pas s'appliquent dans mon propos à ces femmes sur lesquelles des vengeances terribles se sont exercées à la libération, des châtiments pas toujours justifiés, souvent disproportionnés et exercés en dehors de tout tribunal réguliérement constitué garantissant un minimum d'impartialité et de raison
Lors de mon prochain passage à Paris j'aimerais bien venir voir ton regard noir, qu'en dis-tu? Je suis absolument contre la peine de mort, sauf pour les moustiques. Qui plus est l'emprisonnement à vie en isolation totale est pour moi un châtiment encore bien pire.
Bises au café
Ambre
Otchi tchornie
i priekasnie...
Les yeux noirs en Russe, il m'en reste quelques bribes de cette langue pas encore oubliées.
J'avais appris cette chanson par coeur et il ne me manquait plus que la balalaïka pour aller séduire les belles natives de Smolensk ou
d'ailleurs...sigh!!
OK pour Paris mais si tu viens dans mon quartier, je te rappelle que
j'habite rive droite et pas du tout à St Germain des près où il n'y a
plus d'après comme chacun le sait...
Je t'embrasse
Claude
Il y aura toujours des tribunaux sauvages et révoltants, l'Homme est la pire bête qui ait jamais existé. Mais est-ce une raison pour laisser les vrais dangers dans la nature ? Tu sais bien qu'en France la réclusion à perpétuité n'existe pas, et qu'ils se retrouvent tous dans la nature à un moment ou à un autre. Sérieusement, je n'ai pas de solution. Tout ce que je sais, c'est que prôner la générosité et l'humanité envers ces monstres qui tuent, torturent et massacrent sans la moindre hésitation me heurte. Je ne sais pas ce qu'on doit en faire, mais je pense que c'est une grave erreur de les laisser faire en toute impunité ce que eux ont envie de faire.
(oui, je les qualifie de monstres humains : tu les appelles comment toi, les violeurs et les tueurs d'enfants ?)
Ne pas habiter rive gauche n'est pas un vilain défaut et pour te voir je ferai le voyage. Ne rougis pas^^, tu t'appelles Claude et pas Céline...
Véro, je n'éprouve aucune sorte de pitié à l'égard des violeurs et des tueurs d'enfants, d'autant que la plupart sont probablement incurables. La question est: Qu'en fait-on? et je suis comme toi je n'ai pas de réponse toute faite à cette interrogation sauf qu'il est du devoir de nos sociétés de tout faire pour les empêcher de récidiver
Ambre, tu auras bien sûr remarqué que Céline ou Claude commencent de la même façon. Ben, dis donc, me voilà en bien illustre compagnie. Il va me falloir remettre le nez dans voyage au bout de la nuit que je n'ai pas fréquenté depuis un bon bout de temps déjà...
Mon cher Claude,
écoute plutôt Hugues Auffray, cela fera aussi bien l'affaire ;-)
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