29.1.07

Refus d'école

J’ai traversé mes années de pensionnat, trois ans, comme celles d’un interminable cauchemar. Je suis arrivé dans cet établissement inconnu d’une petite ville des bords du Cher en provenance de Normandie, amené là lors d‘un déménagement de ma famille à la rentrée de cinquième et je suis passé sans transition de l’état d’externe à celui de pensionnaires.
Je ne le savais pas encore mais le temps d’un certain bonheur venait de disparaître pour longtemps, le bonheur d’apprendre, de découvrir, de comprendre parfois à demi mots ce que me disaient les professeurs.
Pourquoi évoquer cette histoire ? Probablement le fait d’avoir récemment lu un article dans la presse sur le syndrome du refus d’école chez certains enfants, syndrome qui se manifeste pour des causes variées et multiples d’ailleurs
Avec le recul, il me semble avoir souffert en mon temps de ce syndrome qui s’est traduit pour moi par un refus de voir le monde qui m’entourait, le refuge dans une autre dimension, trop loin pour que ne m’atteignent la parole des professeurs et avec une conséquence immédiate: Passer du statut de brillant élève à celui de cancre avéré et ceci en moins de temps qu’il faut pour l’écrire
Et si je suis d’accord avec l’une des décisions d’une candidate à la présidence de la république alors aux affaires comme on dit, c’est celle qui consiste à interdire le bizutage. On ne mesure pas assez les dégâts que ces pratiques, au mieux imbéciles mais plus souvent dégradantes et donnant la possibilité chez certains d’exprimer de véritables tendances sadiques, on ne mesure pas assez disais-je les dégâts que ces pratiques peuvent occasionner chez de jeunes enfants livrés au bon vouloir de ce que je qualifie encore aujourd’hui de parfaits voyous
Je ne me suis pas enfui, certes comme le font certains mais ce fût tout comme: Personne vers qui réellement me retourner: Une mère indifférente à mon sort, un beau-père détesté autant que méprisé, des profs à qui je ne reproche rien mais dont aucun ne sut détecter ce qui me manquait tellement: Un peu d’écoute et un minimum de compréhension que je n’ai jamais trouvé au sein de ma famille
A la fin de la troisième, j’ai décidé, sans aucun diplôme en poche, de tout quitter et de partir travailler. Je n’ai toutefois jamais perdu l’école de vue. Poussé par l’aiguillon du savoir et le désir profondément ancré en moi de ne pas finir comme eux, entendez par là cette famille qui fût la mienne et que je continue à appeler ainsi à défaut d’autres termes plus adaptés à ce qu’elle fût vraiment pour moi
J’ai lu tout ce qui me tombait sous la main et peu à peu je suis devenu un parfait autodidacte
Bien des années, alors que j’étais salarié, je me suis inscrit en fac. En droit pour être précis et j’ai encore très présent en moi ce souvenir de mon inscription. J’ai pris la file comme tout le monde au milieu de tous ces jeunes gens, garçons et filles, avec dans leur poche un baccalauréat fraîchement acquis, bien plus jeunes que moi qui, à l’époque, venait de fêter mes trente ans
-Allez, c’est à ton tour, tu vas en droit ou en éco ?
Je l’aurais embrassée cette fille qui devait être étudiante d’ailleurs, je l’aurais embrassée car elle venait de me tutoyer. J’étais un étudiant comme un autre, j’avais rejoins la route si malencontreusement quittée tant d’années auparavant
Cinq ans après, je finissais par décrocher ma maîtrise (sans avoir assisté à un seul cours, figurez vous) mais comme le dit Kipling ceci est une tout autre histoire….

Claude

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo, tout simplement. Et pour ce que je connais de toi, tu as très largement rattrappé voire dépassé ce rejet des études à l'époque.
Des bisous

claude a dit…

Bonjour, Véro, dis moi tu te fais rare actuellement et tu me manques ainsi qu'à pas mal d'autres apparament

Bisous

Claude

Anonyme a dit…

C'était pour la bonne cause, et j'aurais aimé continuer à être moins disponible.
Bisous

claude a dit…

bon, alors si c'est pour la bonne cause...

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