15.9.06

Monologue urbain




La ville se parle, vous ne le saviez pas ? La ville se parle et se fait des signes. Je le sais car je l’observe à son insu et je la regarde et je l’écoute.
Bien caché sur mon balcon, elle ne peut me voir, elle peut alors se laisser aller aux confidences
Elle se parle et se fait des signes. Une lumière s’allume et s’éteint dans un coin de la ville et, simultanément, de l’autre coté de la ville une autre fenêtre lui répond, elle cligne de l’œil et fait savoir qu’elle a compris et que le message est bien arrivé
La ville murmure et grommelle, l’air est plein de mystérieux messages qui viennent de partout et de nulle part, dess signes qui s’entrecroisent et forment au dessus de ma tête le filet d’une gigantesque toile d’araignée
Je le sais quand je m’assois à mon balcon aux petites heures indécises du matin et que, silencieux je capte ces messages qui ne me sont pas destinés en contemplant un carrefour vide de toute présence humaine
De quoi parle t-elle la ville, je vous le demande ? Comment peut être se débarrasser de ces gêneurs que nous sommes, comment faire pour que nous vidions les lieux et qu’elle se retrouve seule avec elle-même enfin maîtresse de sa destinée enfin débarrassée de cette thrombose humaine et automobile qui pendant le jour engorge la moindre de ses veines et artérioles
Contrairement à la campagne où le silence de la nuit se fait aussi absolu que le noir qui entoure l’aventureux insomniaque, la ville palpite et vit sa propre vie, elle crie, elle pleure et parfois aussi elle rêve et pendant ce temps abandonnés à l’illusoire sécurité de leurs portes closes, ses habitants se prennent à espérer en un futur meilleur.

Claude

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