7.9.06

campagnes

J’ai connu une campagne bien différente de ce quelle est aujourd’hui. Une campagne que l’homme, le paysan se devait d’apprivoiser et quelle meilleure manière d’apprivoiser quelque chose que de le nommer.
C’est ainsi que les champs, les bois, les chemins pour s’y rendre portaient tous un nom distinctif: On allait au champs des ormes en prenant le chemin du verdet et tant pis si les ormes avaient depuis longtemps disparu et si rien ne venait dire ce qu’était réellement le verdet et pourquoi le champ du pendu ? Quelle tragédie s’était déroulée en cet endroit ? Un suicide probablement mais peut être aussi une justice expéditive en paiement de quelque méfait.
J’arrivais conduit par ma grand-mère dans des fermes desservies par des chemins creux sombres et menaçants du moins à mes yeux d’enfant et nous nous arrêtions devant des bâtisses basses où bêtes et humains cohabitaient à quelques mètres les uns des autres et les poules s’aventuraient souvent sur les sols de terre battue pour y picorer des miettes et chassées aussitôt à grand coup de torchon indigné par la maîtresse des lieux
Les animaux y avaient leurs propres noms aussi du moins les vaches et les chevaux
Un indigène des treize et quatorzième siècle ne se serait pas senti étranger à ce monde là
Mais aujourd’hui, ce monde là justement a disparu, l’homme a modifié ses rapports avec la terre. Il la violente à grand coup d’engrais et d’insecticides à haute dose et les herbes du diable, les plantes transgéniques finiront un jour ou l’autre par avoir droit de cité complet dans nos cultures
Dans mes promenades dans la campagne qui m’environne je retrouve quelques traces de ces anciens chemins creux et je suis encore capable de nommer telle ou telle pièce de terre perdue maintenant dans un ensemble plus grand
Quand je mourrai, le souvenir des ces choses passées disparaîtront avec moi et ceux de ma génération et il faudra bien que tôt ou tard ceux qui nous suivent trouvent un moyen de ré apprivoiser la terre avant que, lasse de toutes ces violences accumulées, elle ne se fasse justice elle même et redonne à l’homme si content de lui ce statut de moisissure que l’on chasse d’un revers de main

Claude

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