7.6.06

Promenade citadine

PROMENADE CITADINE

Une ville qu’on feuillette comme un livre déjà lu mais où on redécouvre la saveur d’autres mots au coin d’une phrase déjà presque oubliée

Un endroit où sont venues s’échouer les longues pirogues de troncs évidés vieilles de plus 6000 ans, celles des pêcheurs chasseurs qui arpentaient ces rives à l’aube des anciens temps

Un espace où des rails enchâssés dans des pavés vieillis mènent encore vers des berges où débarquaient en leur temps les vins lourds des coteaux de Saône ou ces morceaux de lumière capturés dans les entre-deux- mers destinés à venir ensoleiller des verres où se jouent les reflets pourpres d’un vin an nom de lys

Un endroit où les enfants des écoles couvent d’un œil jaloux la pousse d’un rang de carottes ou la lente venue d’artichauts à bientôt effeuiller

Un endroit où la rumeur de la ville s’alanguit en d’imperceptibles rides sonores qui ponctuent ces moments suspendus où le temps s’ensommeille

Un endroit où d’effrontés moineaux des dernières couvées s’ébouriffent les plumes avant de venir quémander et se disputer quelques miettes de pain

Un endroit où un premier décolleté de l’année se prend à rosir à la caresse d’un rayon de soleil qui, mine de rien, flâne et s’accroche

Un endroit où des cols-verts se mélangent aux dos cuivrés de fugitifs poissons rouges

Un morceau décroché de la ville où les minutes s’allongent en se berçant de paroles légères et où les instants qui passent ont la consistance des bulles de savon qui prennent leur envol en se jouant de leurs teintes irisées

Un endroit où le temps semble pour un temps suspendre sa longue marche implacable

Un simple endroit à savourer et lentement déguster en ces instants magiques où la ville quitte enfin ses oripeaux d’hiver pour venir offrir à des yeux attentifs la tenue bien légère des fêtes de l’été

Claude

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Comme c'est joliment décrit ! Paris va rougir de plaisir sous cet assaut de poésie !
Bisousss

Anonyme a dit…

Ma sourette Véro a rencontré un poète ! comme c'est beau.... mille bravos, Claude.

claude a dit…

Poèsie, poète...N'exagérons rien, juste le goût des mots sans toujours être sûr de savoir les apprivoiser..

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