16.11.05

sida



SIDA

Je voudrais parler du sida, non pas comme un spécialiste que je ne suis pas du tout mais comme un honnête homme au sens que l'on donnait à cette expression au dix huitième siècle avec ce que j'ai glané de ci de là au travers de mes lectures dans des livres ou dans la presse ou sur le web. Beaucoup a été dit sur ce fléau et les sites qui abordent le sujet sont légions.

Tout d'abord, une constatation de bon sens et même si c'est un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître comme le dit Aznavour, il fut un temps sans sida.

Cela peut sembler incroyable mais c’est pourtant le cas; le sida, c’est nouveau, ça vient de sortir pourrait on dire. Oh, bien sûr! Les maladies sexuellement transmissibles dont il fait partie existent bel et bien et de tout temps vraisemblablement: Syphilis, blennorragie, chancres divers et variés, j’en passe et des «meilleurs» mais tous ont au moins une différence essentielle avec le sida: Ce sont des maladies guérissables à la différence du sida qui lui ne lâche jamais prise même si un cas récent semble démentir cette assertion mais le fait demande confirmation c'est à dire le retour spontané à une seronégativité. Guérissables donc les MST «ancien modèle» avec parfois bien des difficultés certes mais des traitements adaptés finissent généralement par en arriver à bout ce qui n'est d'ailleurs pas une raison pour les prendre à la légère et ne pas recourir aux précautions les plus élémentaires

Mais elles ont aussi une différence essentielle avec le sida: Ce sont desmaladies à part entière si j'ose dire alors que le sida n’est pas une maladie en tant que telle. En d'autres termes, on ne meurt pas du sida, celui se contente si l'on peut dire d'abaisser ou carrément de supprimer nos barrières immunitaires permettant malheureusement ainsi à des maladies opportunistes de se développer en prenant un caractère gravissime conduisant à la mort de l’intéressé(e) alors qu’en temps normal nos mécanismes innés d’autodéfense n’auraient pas permis à ces affections de se développer et d’attenter à la vie de ceux qui en sont atteint

Bon! Jusqu’ici, j’espère n’avoir pas raconté trop de bêtises mais au cas où, n’hésitez pas à le me faire savoir.

Je voudrais maintenant vous faire part de ce qui me frappe dans cet effroyable phénomène.

Certes, des études laissent à penser qu’on pourrait retrouver des traces de sida dans un passé plus ou moins lointain mais le phénomène de masse qu’il est devenu remonte à moins de trente ans. Rappelez vous ce slogan des années 68: «Jouissez sans entrave». Sous entendu: Pas de précautions particulières, profitez de la vie et des plaisirs qu'elle procure, on saura toujours vous guérir si vous êtes atteints par une MST quelconque. On en est bien revenu de cet état de grâce et d'inconscience et l’histoire du sida fourmille de ces histoires où des jeunes gens, filles ou garçons se sont retrouvés infectés lors de leur premier contact.

Rapidité de la propagation tout d’abord. En une trentaine d’années comme je le soulignais plus haut et ce qui est très peu, des millions d’êtres humains de tous âges, de tous sexes, de toutes conditions, en sont morts, d’autres, innombrables sont contaminés sans espoir de guérison.

Mode de propagation ensuite basés sur ce qu’il y a de plus basique, de plus naturel aussi dans les comportements humains: Le besoin, le désir de se reproduire tout ça s’appuyant ou mettant en œuvre l’instinct sexuel.

Comportements du virus proprement dit:

-Mutations incessantes rendant très difficiles la mise au point d'un médicament spécifique efficace même si les trithérapies ont permis d'énormes progrès.

-Extrême discrétion de ce même virus (au moins dans un premier temps) puisque on peut déjà être infecté et contagieux sans que sa présence puisse être détectée.

-Je rappelle d'autre part qu'on ne connait pas les conditions réelles d'apparition de ce virus. Certains ont été jusqu'à suspecter des «opérations» qui auraient mal tourné ou trop bien réussi. Qui le sait? Il n'en demeure pas moins qu'aujourd'hui encore, on n'a pas réussi à identifier le véritable début de cette pandémie pas plus qu’on n’a pas réussi à identifier le réservoir de ce virus portant nécessaire à sa survie

-Je rappelle aussi que cette affection s'attaque avant tout aux forces vives des pays dans lesquels il sévit, c'est à dire essentiellement aux femmes et aux hommes en âge de procréer et aussi aux enfants qui naissent de mères infectées

J'en viens donc à James Lovelock, célèbre auteur de l'Hypothèse Gaïa, dont la parution secoua le monde scientifique au début des années soixante-dix et qui rencontra un très grand succès auprès du public.

Fascinante et controversée, l'hypothèse culte des écologistes (la Terre considérée comme le plus grand organisme vivant: Gaïa) a été proposée par James Lovelock qui montre que notre planète a connu plusieurs âges correspondant à la prédominance d'espèces très différentes : d'abord les anaérobies, puis les aérobies (dont nous sommes) qui consomment de l'oxygène, poison violent pour les premiers.

Décrivant l'histoire de la Terre dans une perspective globale, Lovelock conclut à notre responsabilité: En trois siècles, l'humanité a davantage modifié le visage de la planète que l'évolution naturelle en des centaines de milliers d'années. S'il ne doute pas, cependant, que la Terre retrouvera un équilibre chamboulé aujourd'hui par l'activité industrielle, Lovelock suppose que ce pourrait être au prix de la disparition des hommes, dont le règne n'aurait représenté que l'un des âges de Gaïa.

Autrement dit et si nous nous référons à l'hypothèse de Lovelock, la terre, nommée Gaïa, organisme vivant en serait à appliquer son propre programme de limitation des naissances.

Beaucoup d'éléments contribuent à cette hypothèse que j'ai brièvement évoqués plus haut: Le pouvoir de dissimulation du virus jouant à cache-cache avec les chercheurs et les équipes soignantes, sa malignité, son mode de propagation, l'impossibilité de s'en débarrasser d'où l'impossibilité de guérison même si l'espérance de vie a été et continue à être augmentée.

La conclusion fait froid dans le dos. Si on croit en l'hypothèse avancée par Lovelock, Gaïa est à l'oeuvre pour se défendre et elle fait à son échelle et à son rythme qui ne sont pas du tout les notres

L'espèce humaine a entrepris depuis longtemps de perturber les équilibres naturels. Nous portons atteinte à la nature elle même et elle prend les mesures nécessaires pour se défendre; le sida fait peut être partie de ses armes. Nous sommes devenus de dangereux gêneurs et spoliateurs dont il convient de limiter le nombre, voire de se débarrasser.

Vaste sujet de réflexion, un combat s'est vraisemblablement engagé dont il n'est pas sûr que notre espèce sorte vainqueur.

Voici quelques années, lors de l'un de mes voyages en terres lointaines, j'avais écrit ces quelques lignes sur Gaïa que je soumets à votre appréciation




GAIA

Je sais que j’ai entendu battre le cœur du monde
Une nuit prés du lagon d’une île sous le vent.
J’ai perçu pendant le temps d’une éternelle seconde
L’incroyable intensité de l’un de ses battements

Seul, les yeux levés vers les constellations
Dans la douceur sucrée de cette poussière de terre
Posée là dans l’obscure immensité sans frontière
Bercé par l’alizé volage et sa tendre possession

J’ai senti sous mes pieds comme une respiration
Comme la poitrine d’un dormeur se soulève
Quand le sommeil désiré prend enfin position
Lorsque les rêves arrivent, le saisissent et l’enlèvent

Et moi-même, moisissure naufragée sur cette poussière,
Cette solitude de corail aux confins de toute terre
J’ai ressenti dans ce souffle peut-être venant des enfers
L'écrasante présence de Gaïa, notre mère tutélaire

Claude
à Hao, atoll du Pacifique

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