Ma mère est décèdée la semaine dernière. C'est à la suite non pas d'une longue maladie comme l'on dit pudiquement mais du à une usure généralisée et au grand âge. En aucun cas, il ne s'est agit d'une mort suprise mais je n'en attendais pas moins le coup de téléphone m'avertissant de son décès avec appréhension et évidemment il est arrivé au plus mauvais moment comme s' il pouvait y avoir un "bon" moment pour ce genre de communication et voilà ce qu'il m'a inspiré comme si sans le savoir ce poème était présent dans ma tête, tout prêt pour l'occasion car il a été écrit d'un jet et en quelques minutes:
MA MERE EST MORTE
-Ta mère est morte!
ça m'est arrivé comme ça
au milieu des cohortes
de la rue Quincampois,
le portable dans ma poche
a sonné plusieurs fois,
pendus à mes bras
j'avais quelques poches
et mal au bout des doigts.
J'avais acheté ce matin là
des yaourts et des compotes
du poulet et de l'eau minérale;
tout ça c'est pour l'anecdote
mais c'est bien normal
de regarnir son réfrigérateur
quand est arrivée l'heure.
Dans une poche intérieure
mon portable avait vibré
tout contre mon coeur
qui, du coup avait accéléré
-Ta mère est partie!
d'un trait m'avais tu dit
et soudain sur le trottoir
j'ai du avoir l'air un peu con
à mon âge revenir petit garçon!
Une femme en noir
et un monsieur sérieux
m'ont lancé un regard curieux
et là dans cette solitude
au milieu de la multitude
j'ai laissé un tas de souvenirs
venir à moi et m'envahir
-La jeune femme souriant à la vie
dans ses voiles d'épousée ravie
-Cette femme qui préparait la Noël
avec presque l'air d'une demoiselle
-Et celle s'activant à ses fourneaux
avec un lapin le fourrant de pruneaux.
Ma mére est décédée à l'hôpital
et ça leur bien égal
à eux qui me bousculent
et je me sens bien ridicule
sur ce bout de trottoir
avec cet idiot de téléphone
dont la sonnerie encor' résonne
avec un goût de désespoir
oui, j'dois avoir bien l'air con
avec ces larmes aux coins des yeux
ma mère me fait faux bond
et je me sens soudain devenu vieux
entre la mort et moi, j'avais cet écran
qui me défendait contre le temps
celui qui passe et qui assassine
mais recule devant les mères
qui savent guérir même les angines
et chasser nos pensées amères
Et je me heurte à cette putain de foule
avec dans ma poitrine une boule
ma mère a quitté cette terre
et il faut que j'aille garnir mon frigidaire
Claude
Paris 2005
1 commentaire:
Une bien belle note...
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