14.10.07

Les revues






Et la fontaine chante
Et la fatigue plante
Son couteau dans mes reins
Et je fais celui-là
Qui est son souverain…




C’est Brel qui dit ça dans une de ses chansons. la citation est exacte, j’ai vérifié
Les moteurs de recherche sont champions pour ça.
Je ressens moi aussi depuis quelque temps une douleur au creux de mes reins et ça m’inquiète.
Rien d’insupportable mais seulement comme la présence d’une bête de proie tapie dans les hautes herbes et qui, patiente, attend son heure.
Une douleur qui s’accompagne de fatigue et de manque d’envies en général et qui a pour conséquence de limiter mon intérêt à découvrir des quartiers de la ville encore inconnus
J’ai pourtant un prétexte à descendre mes étages: Il me faut aller chercher du pain.
Une fois sur le trottoir, je déciderai au dernier moment pour savoir où j’irai et si j’irai…

Peut être me dirigerai-je vers ces derniers terrains en friche du côté de la porte d’Ivry avant que la civilisation en marche ne les rattrape et ne les fasse irrémédiablement disparaître.
Encore quelques arpents parisiens où pousse l’herbe folle.
Au printemps, des coquelicots fleurissent par touffes au pied de quelques talus avec des myosotis en prime.
Actuellement, il ne reste que des herbes hautes blanchies par la poussière venue des travaux environnants…
Des travaux pour de futurs immeubles, pompeux et tape-à-l’œil comme on les fait aujourd'hui et destinés à des types qui peut être ne verront jamais des coquelicots que sur des images

Ou alors je m’arrêterai sur une brocante comme il s’en installe parfois sur les trottoirs des environs.
Récemment et vraiment par hasard, je suis tombé sur deux exemplaires de la revue où elle travaillait dans les années 70.
J’ai regardé pour voir si son nom figurait bien sur la liste des collaborateurs dezs journaux comme on le faisait à l’époque.
Elle avait la responsabilité de la rubrique voyages.
Il y était bien ce nom comme je m'y attendais.
J’ai alors feuilleté l’autre exemplaire et j'ai vu qu'il contenait un article signé par elle avec une de ses photos prise au pied des pistes aux Ménuires
Un moment, je me suis senti heureux, absurdement heureux et j’ai acheté sans discuter les deux hebdomadaires.
20 euros.
Une folie,
Le type à son stand a du me prendre pour un dingue mais je m’en fous
Quand je suis revenu à l’immeuble, j’ai ouvert le local commun du bas et j’ai glissé les deux revues dans la poubelle, celle à couvercle jaune je crois, celle en tous cas prévue pour recueillir le papier en citoyen consciencieux que je suis et je suis ressorti en fermant soigneusement la porte…

Quand je vais revenir tout à l’heure, je vais m’asseoir dans mon fauteuil et je vais allumer la télé sans mettre le son.
C’est comme ça que je la trouve acceptable.
N’importe quelle chaîne du câble fait l’affaire
Et je regarde un théâtre d’ombres chinoises s’agiter devant mes yeux ou des paysages de pays que je n’essaie même pas d'identifier
Je dois faire l’effet du crapaud hypnotisé par le serpent mais de ça aussi je me fous

Alors je vais fermer les yeux et avant que le sommeil ne vienne me prendre brutalement comme il sait parfois le faire, alors, peut être, pendant quelques infinitésimales fractions de seconde, son image viendra se superposer à celles de ce théâtre d’ombres où s’agitent de vagues ectoplasmes inconsistants et nous serons à nouveau ensemble, inlassables, inusables et éternels…

Et des parcelles de ses rires mélangés aux miens partiront encore à l’assaut du ciel. Alors et alors seulement, je fermerai les paupières pour que, miséricordieusement, je m’engloutisse dans la préfiguration de ce que doit être le néant…

Claude



11 commentaires:

Anonyme a dit…

Le néant... tu sais que je vais laisser partir mon blog dans le néant virtuel? Tous ces petits signes sortis de moi, collés les uns aux autres et formant un ensemble de sens disant des émotions que j'ai voulu partager? Les derniers frissons sont dédiés à Steffen et au slow que j'adore danser tout contre lui littéralement saoûle de son odeur... Et d'ici quelques jours de tout cela il ne restera rien.

Mais en contact avec toi je resterai, j'ai gardé ton adresse.

je t'embrasse

claude a dit…

Je ne sais pour quelles mystérieuses raisons, Ambre mais ces liens qui soudain se délitent ou disparaissent sont plus difficiles à accepter que dans la vie qualifiée de réelle

Claude

Anonyme a dit…

C'est vrai. U-blog cesse d'être et beaucoup "déménagent" sur Vox, ne pouvant accepter cette sorte de petite mort, mais je me dis qu'il y a eu assez de temps pour parcourir mes lignes et regarder ce qui me touche.

claude a dit…

Je crois que tu te trompes, Ambre.
Il n'y a jamais assez de temps pour ceux qui lisent à vouloir savoir ou tenter de comprendre ce qui motive une écriture...Et seule la mort, la grande, opposée à celle que ru cites devrait avoir le pouvoir de mettre une fin à ce désir...
Tous les mots, toutes les phrases ont donc leur importance pour se donner la chance de croire que la vie n'est pas qu'une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien.

Anonyme a dit…

Quelle note nostalgique, mélancolique... triste.
C'est pas la forme, dis ! :(

Peut-etre voir un médecin pour le dos, tout de meme ?

claude a dit…

Tu as bonne mine, Tippie, de me conseiller de consulter, toi et tes spectaculaires malaises...
Et toi, tu en as parlé à ton médecin?

Anonyme a dit…

Voui Môssieur! Et j'ai même fait une prise de sang :)

A priori, rien de bien méchant : stress et fatigue (l'un entrainant l'autre...)

A toi, maintenant ! :)

claude a dit…

j'attends les résultats de l'analyse, je t'envoie un exemplaire du charabia si tu veux...

Anonyme a dit…

Euh non merci, ça ira. J'ai déjà du mal à déchiffrer l'écriture de mon médecin, alors des feuilles d'analyses...

Mais j'espère que les résultats seront bons.

Anonyme a dit…

ca va mieux, signore claude ?
Lou

claude a dit…

ça va, signorita Lou, ça va.
Cou ci cou ça
Et toi?

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