1.8.07

Fleurs et couleurs




Ça commence en blanc. Comme si le jardin avait du mal à oublier les chutes de neige de l’hiver dernier. Je surveille donc les premières pousses du lilas blanc qui s’élève le long du pignon de la maison en compagnie d’un arbuste qui donne des fleurs en forme de boule de neige puis un autre dont les fleurs, blanches, ont une odeur prononcée de citronnelle
Au printemps, le jardin est ainsi non seulement de blanc vêtu mais en plus il sent bon. Je reste souvent debout, je regarde et je me laisse pénétrer de toutes ces odeurs et de ces couleurs qui sont celles de la vie en marche
Je ne connais pas le nom de toutes les plantes qui le compose, certaines plantées par mes soins, d’autres qui ont poussé à l’état de sauvage et que j’ai laissé vivre leur vie de plantes

Je devrais connaître leurs noms. Savez vous que j’ai connu une époque où tout dans la nature possédait un nom: On allait du champ des noyers à la prairie des Mertiaux en empruntant le chemin des Viornes. Les animaux eux même avaient un nom, les vaches : La Bouclée, la Blanche…et les chevaux aussi : Bijou, le Noir etc. Seuls y échappait le menu fretin de basse cour et le cochon perdu en fond de cour dans son infecte soue…
Aujourd’hui, on a perdu le contact direct avec la nature, les champs sont des parcelles de terre, les animaux sont de simples numéros. Et les fleurs et les plantes poussent dans l’anonymat complet

La floraison avec le temps qui avance se poursuit avec des teintes de plus en plus vives comme si la nature prenait enfin confiance en elle-même.

Pour prendre la place des lilas de la haie, ce sera le tour des rhododendrons aux teintes rose pastel, puis le jaune des genets qui nous viennent du temps de la grand-mère bien que le jardin ait été complètement retourné lorsque nous avons du refaire le mur du fond.
Et je n’oublie pas le rouge éclatant des pivoines et le bleu soutenu des plans de lavande et même les timides bruyères habillées de mauve tiennent à jouer un rôle dans cette symphonie et puis les hortensias et les dahlias plantés le long du mur et ça finira par l’éclosion des asters bleus avant que tout se prépare pour les frimas à venir

Et alors j’écouterai les cris des enfants de l’école proche, ces cris qui montent à l’assaut du ciel et se fracasseront un jour sur les murs qu’auront pour eux érigés les adultes.

Je regarderai aussi la marche des nuages dans le ciel, de ceux qui s’en viennent du large avec leurs saveurs salées et je saurai qu’une saison est passée et je me préparerai à rentrer en hibernation avant l’arrivée bien lointaine des premiers perce-neiges.

Parfois, je sais que je verrai en route vers le sud un vol d’oies nordiques dont le vol dessinera dans le ciel un V flamboyant et je reviendrai lentement vers l’âtre où se consumera la bûche d’un chêne du bois voisin.

Et à nouveau je chercherai dans les flammes crépitantes la réponse à ces questions qui me hantent sur l’âge qu vient et sur la vanité de nombreux combats passés


Claude

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