J'suis revenu à Paris voilà quelques jours déjà. J'ai quitté mon bourg breton pour rejoindre la grande ville. J'suis un rurbain quoi!! C'est con ce terme non? Mais c'est celui qu'on emploie pour ceux qu'on le cul entre deux siéges ou entre deux domiciles, entre ville et campagne comme le rat de l'histoire
Donc Parisien pour quelques jours et dans ce moment d'avant les fêtes si bêtement kitch avec toutes ces lumières et lumignons qui clignotent et scintillent si joliment par exemple au dessus de la tête de ce pauvre type qui fait la manche au coin de Reuilly-Diderot.
Joyeuses fêtes écrit partout comme si on devait en être persuadé en dépit du froid et des nuages bas et ça me rend d'un triste!! Je rêve d'un pays où les nuages n'auraient droit de cité que pendant la nuit. Interdit de pleuvoir pendant les heures de jour, obligation de ciel bleu à partir de 8 heures du mat' et ce jusqu'à la tombée du jour.
Par hasard, je suis passé à côté de la gare St Lazare tôt le matin et je me suis décidé à monter jusqu'à la salle des pas-perdus.
Et c'est toujours la même foule de banlieusards en route vers leur journée de travail, la même cohue de femmes et d'hommes, des jeunes, des vieux, indifférenciés et anonymes, peut être les mêmes que je croisais lors de ma jeunesse ancienne, des ombres dont le seul rôle est de sortir de la gare le matin et de revenir vers ces mêmes quais en fin d'après-midi.
Fourmilière, c'est le mot qui me vient à l'esprit. Bon, d'accord, ça fait pas très original mais faut dire que les dites fourmilières m'ont toujours fasciné et j'étais capable de passer de longs moments dans leur contemplation lorsque j'en découvrais une lors de mes pérégrinations campagnardes.
Armé d'une branche, j'aimais y farfouiller pour le plaisir de voir les minuscules guerriers (minuscules à notre échelle bien sûr) mettre le nez à la fenêtre et prêts à en découdre avec celui qui osait venir troubler leurs occupations et quand je commençais à me sentir les chevilles irritées, je levais le camp. Elles avaient gagné encore une fois mes fascinantes copines
Ceci étant dit, je ne suis pas un distingué "fourmiologue". Pour tout vous dire, je suis même d'une ignorance encyclopédique sur le sujet. Pourtant, j'ai lu des choses sur ces dernières et en particulier sur ces extraordinaires architectes et constructrices. Car ce sont des insectes bâtisseurs et sociaux, l'un découlant de l'autre d'ailleurs. Capable de construire des structures externes mais surtout internes. Des couloirs, des entrepôts à nourriture, des nurseries. Mais tout ça sans plan d'ensemble. Un jour, à un temps "t", la fourmi-chef, doit émettre quelques phéromones je présume et le travail commence.
Pourquoi là précisément et maintenant?
Alors, ça, missié, ça être grrrand mystère!!!
Pas de plan d'ensemble et chacune des participantes ignorant quel est le but final des efforts entrepris: Une fourmi transporte une brindille qu'elle dépose à un endroit quelconque, une autre qui passe par là et sans motif bien déterminé, la transporte à un endroit autre et c'est la somme de tous les mouvements qui fait qu'une structure lentement prend forme et va servir d'habitation à la communauté sans que chaque participante ait eu la moindre idée du résultat à venir et sans "bleu" auquel se référer. Mais, après un certain temps, une fourmilière sera en activité et abritera douillettement l'armée de nos travailleuses
Et en voyant tous ces voyageurs qui s'empressent dans ce hall des pas-perdus, chacun persuadé que le travail vers lequel il se dirige est d'une importance fondamentale il me vient l'idée suivante: Et si comme nos fourmis, nous exécutons des tâches dont la finalité nous échappe.
Nous croyons bénéficier de notre libre arbitre alors que nous sommes programmés pour un travail ou un but qui nous dépasse, totalement et tout ça sous les yeux d'un "grand" entomologiste qui nous regarde nous agiter et qui voit s'élaborer sous ses yeux patients quelque chose dont nous n'avons même pas conscience et que nous ne pouvons même pas imaginer
HUIT HEURES MOINS LE QUART
Gare St Lazare
Huit heures moins
le quart
d'un matin
qui commence
sa danse.
Paris la belle
a sa diarrhée
matinale
et elle expulse
des voyageurs affairés
qui dehors se propulsent
et exhalent
des nuages
de vapeur
sous des visages
de toutes les couleurs.
Paris en vêture de satin
roule et déferle
comme un collier de perles
ou un glissement de terrain
Paris la matinale
sous un petit soleil
automnal
dans ses restes de sommeil
Paris du saut du lit
qui finit ses rêves
de mer ou d'infini
et qui en crève
sur les trottoirs sans âme
de la rue d'Amsterdam
Gare St Lazare
Huit heures moins
le quart
d'un autre matin
qui commence
sa danse
Claude
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