10.3.08

La tempête





Le vent a soufflé fort cette nuit. Un grand vent de tempête de fin d'hiver.
Un vent qui a pris sa respiration là-bas dans les vagues de l'Atlantique nord, du coté des Lofoten probablement, là où le soleil a timidement commencé à se montrer au dessus des horizons après de longs mois d'endormissement

J'aime bien ces coups de boutoir qui s'en prennent à la maison qui s'accroche de toutes ses pierres à son socle de granit
J'aime entendre les craquements des poutres du grenier prises à des branches de chênes, de ces chênes qui paradaient sur la lande voici trois ou quatre siècles
J'aime ces soupirs profonds où se mêlent les murmures des trépassés et des péris en mer
J'aime ces cris et ces murmures et ces nuages qui ce matin ne cessent de défiler au dessus de ma tête comme une rappel de ta longue chevelure ...




Mon pays est celui des quatre vents
Noroît, suroît, de terre ou d’océan
Vents qui se brisent et n'écartèlent
Et viennent effleurer la touffe d’asphodèle
Ou s’engouffrer dans les chemins creux
Pour cracher sur des croix sans bon dieu
Les vents arrivent chargés de confidences
Et des soupirs d’une lointaine enfance
De mots d’amour qu’on se jette à la tête
Faits de rumeurs et des bruits de la fête

Vents d’hiver qui crochent dans les clochers
Et les griffent comme pour les déraciner
Vents des étés doux et chargés de tendresse
Vents qui arrivent pour nous chanter la messe
Vents des printemps à venir un peu fous
Des promesses à tenir, vent des billets doux
Sans oublier les grands vents de l’automne
Quand sous la charge des équinoxes résonne
Et gémit la maison de toutes ses membrures
Quand le fond de l’air a un parfum d’aventure
Vents de noroît, de suroît, des quatre horizons
Vents de mon pays et de ma dernière chanson.

Claude

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