15.7.08

HI-HAN




DO YOU SPEAK HORSE?

J'ai parlé cheval dans le temps. C'était dans une époque bien éloignée.
C'était voici si longtemps, vous qui me lisez ici par hasard, si longtemps que probablement vous n'existiez même pas sous forme d'ébauche de pensée, c'est dire!

Dans ces temps reculés, si lointains, comme je le disais plus haut, les hommes savaient encore dialoguer avec la nature et les animaux qui la peuplaient alors. C'est comme ça que j'ai appris à parler cheval
Oh, bien sûr, je ne suis pas à la hauteur de ceux qui, prétend-on, savent encore murmurer à l'oreille du meilleur ami de l'homme pour leur y glisser des secrets connus d'eux seuls mais toutefois je connaissais les mots les plus importants et la manière de les formuler

J'avais 7 ou 8 ans et j'avais pour habitude de me rendre à la ferme de mon parrain qui était paysan et, là, je prêtais une oreille attentive aux mots ou onomatopées qu'il employait avec son unique cheval de labour dont, au fil du temps, je m'étais fait un ami.

Mon plus grand moment de bonheur, c'était la fin du travail journalier quand il fallait conduire mon copain à une source située en contre-bas de la ferme
Je le conduisais, le tenant par une simple bride, jusqu'au lieu où il allait se désaltérer et se détendre en récompense des durs efforts consentis tout le long d'une longue journée de travail
C'est dommage que personne n'ait songé à prendre un cliché de ce curieux attelage, un enfant de moins de 10 ans tirant à sa suite une masse de plus de 300 ou 400 kilos mais c'est vrai aussi que la manie de la photo à tout prix était loin d'être entrée dans les mœurs pour une raison simple que personne ou presque ne possédait le moindre appareil photo

Je m'exerçais à l'emploi des mots entendus et employés par mon parrain et je les accompagnas de claquements de langues qui avaient pour effet de faire dresser les oreilles de mon pote à quatre pattes et de lui faire glisser en ma direction un regard aussi perplexe que compatissant
-Continues, fiston, t'es sur la bonne voie. Encore quelques progrès et on pourra dialoguer utilement ensemble...

Et j'ai grandi et je suis parti vers la ville... Le parrain a pris sa retraite et le cheval est mort et le parrain aussi d'ailleurs...

Je suis revenu récemment dans cette écurie minuscule du bout de la longère maintenant en ruine
Les harnachements de cuir avec tous leurs systèmes d'attaches et leur boucles compliqués pendent toujours au mur et s'ornent d'intempestives toiles d'araignées. Il m'a même semblé retrouver cette odeur douce et sucrée portée par la robe des chevaux mais ce n'est probablement qu'un effet d mon imagination
Et le me suis pris à essayer de parler cheval à mon tour: GRRRR, dit en roulant bien les R pour le faire reculer et les claquements de langue ou roulements de lèvres et hue aussi pour faire avancer et dia pour faire tourner à droite et quoi déjà pour faire tourner à gauche?
Merde, j'ai oublié
Me voilà avec un cheval qui ne sait pas tourner à droite, vous conviendrez avec moi que ça ne favorise pas tellement le retour à l'écurie...

Mais qu'est-ce-que ça peut bien faire? Qui, aujourd'hui, a besoin de parler cheval, hein?
Tout ça, c'est du passé dont il ne subsiste chez certains encore que des poussières de souvenirs et des mots en lambeaux
Quant à moi, comme le titre de ces quelques mots le suggère, je m'efforce de ne pas rejoindre le grand troupeau des ânes, de tous ceux qui ne font que tourner en rond parce que quelqu'un aura omis de leur dire qu'on peut aller aussi tout droit et revenir ainsi simplement vers l'écurie...

Claude

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