27.5.19

Le match de football



C'était un dimanche. Pour me faire plaisir je pense, mon beau-père m'avait proposé de m'emmener voir un match de foot-hall.
Le football ne me passionne pas, c'est le moins que je puisse dire encore que j'ai découvert récemment le football féminin et je dois admettre que je peux regarder avec plaisir ces demoiselles courir après ce maudit ballon
Je n'avais pas osé refuser et nous étions partis pour assister à un match de quatrième ou cinquième division je ne sais pas trop et quelle importance? Donc en route pour un petit patelin caché en Dordogne pourpre profonde
Cet après midi là pour ne rien arranger, le ciel était couvert par des nuages entre gris et noir et le terrain, une prairie sommairement aménagée, situé entre des rangées d'arbres dépouillés de leurs feuilles. Une parfaite illustration du malheur à l'état brut
Et ça m'est arrivé subitement. Le manque physique de toi, l'atroce sensation d'amputation. Il parait qu'on ressent la douleur dans un membre manquant comme si le cerveau n'acceptait pas sa disparition et le recherchait sans trêve au travers d'une douleur inextinguible
C'est cette douleur que j'ai soudain ressentie.
Les larmes me sont venues aux yeux et tout s'est noyé dans une vision brouillée où se mélangeaient
les attitudes grotesques des joueurs qui évoluaient à quelques mètres de la mince barrière sur laquelle je m'étais appuyé et celles des quelques spectateurs qui s'égosillaient à qui mieux mieux.
Comment ne me suis je  pas écroulé devant l'absurdité du spectacle que je distinguais à peine, comment n'ais je pas éclaté en sanglots devant ces joueurs en sueur où certains avaient des lueurs de crime dans le regard.
Oh! combien tu me manquais, combien j'avais besoin de toi en cet instant précis, du son de ta voix, de ton sourire, de la douceur de tes mains.
Et puis puisqu'il le fallait bien, la douleur a commencé à refluer, à se faire plus acceptable.
Je me suis à  crier avec les autres les mêmes idiotes recommandations: Shoot, passe, tire... La vie ou plutôt ce qui en tenait lieu reprenait enfin le dessus.
 Personne ne s'est aperçu de rien, j'ai repris pied alors que j'avais été à deux doigts de me noyer, j'étais prêt à reprendre le cours d'une existence sans toi, sans toi dont aujourd'hui encore j'ai besoin, tant besoin dans une vie triste à pleurer  
  
 

30.4.19

Hepburn et Tracy


Il  suffit de presque rien pour bouleverser une vie
Une rencontre due au hasard.
Un regard que l'on croise et dans lequel on se perd.
Une voix qui creuse son sillon et se vrille en vous.
Un rien vous dis-je. Un rien qui fait mal tant d'années après.
Il aurait suffit de quelques pas supplémentaires, d'une hésitation dan sa course pour que rien ne se produire, que je ne m'accroche pas désespérément à ton sourire et toute ma vie je t'aurais ignorée mais voilà le mal fut fait.
Impossible de revenir en arrière.
Pendant longtemps, j'ai regardé Katherine Hepburn et Spencer Tracy comme le couple le plus représentatif de ma petite histoire, deux célébrités, riches et adulées et qui  subissaient la même épreuve que celle que j’ai eu à affronter mais voilà qu'un récent écho de la presse hollywoodienne m'apprend que cette liaison contrariée n'aurait été qu'un paravent mis en place pour cacher le lesbianisme de miss Hepburn et la bisexualité active de Tracy à une époque où il ne faisait pas bon de se livrer à de telles pratiques.
Dommage pour l'image, rien n'est parfait en ce bas monde et voilà mes rêves réduits en miettes. A quoi donc me raccrocher, vers quoi ou qui revenir quand la peine se fait trop pesante à mon cœur épuisé?

7.4.19

PSALMODIES

J'écoute un choeur féminin psalmodier des polyphonies des XII et XIII èmes siécles et c'est toujours la même magie qui opère. Je suis transporté dans les clair-obscur d'une quelconque abbatiale où le plain-chant déroule ses longues ondulations hypnotiques et profondes.
Ces mots s'envolent dans une longue plainte sans cesse recommancée et je me demande où ces femmes, certaines encore jeunes et belles, vont  puiser la force nécessaire pour refuser à leurs sens l'infinie variété du monde avec sa cruauté bien sûr mais aussi avec sa beauté lors d'un jour qui commence par exemple
Et je vois ces nuques baissées comme sous la force d'un jet de lumière qui perce le haut d'un vitrail et je perçois dans le  vibrato d'une voix qui soudain s'envole et spirale l'appel à l'amour pour une divinité qui n'est probablement qu'apparence

Ombres légères

      J'ai récemment évoqué ici deux silhouettes féminines qui ont, plus ou moins brièvement, croisé ma vie à divers ...