30.10.21

MIA

 

 
 
 
Il existe en Inde où j'ai vécu quelques années une période plus ou moins longue qui marque la frontière entre la saison chaude et l'arrivée des pluies, de la mousson en d'autres termes. C'est un moment particulier où tout s’abîme dans l'espoir qu'enfin l'implacable et cruel soleil laissera place aux lourds nuages chargés de pluie régénératrice. Tout est dans l'attente, les plantes, les animaux, les hommes aussi bien sûr et tout est chargé de cette électricité qui rend si particulière l’atmosphère comme celle des veilles de Noël sous nos latitudes.


Ce soir-là, je m'étais rendu à une ‘function", "armed forces day" " republic day" ou "national day" je ne m'en souviens pas trop et comme l'ambassade où j’étais invité ce soir-là se trouvait proche de mon domicile j'avais congédié mon chauffeur ravi de l'aubaine. Quand j'ai repris mon véhicule, je me suis rendu compte qu'une averse avait récemment eu lieu, mais déjà les quelques gouttes de pluie qui étaient tombées finissaient de s'évaporer en une fine couche de brume légère qui donnait l'impression que les voitures flottaient sur un onirique fleuve gris-argenté.

Peu de temps après j'étais devant le portail de la maison que j'occupais dans le quartier de Maharani Bagh, les jardins de la reine en bon français. Un appel de phase puis un discret coup de klaxon pour avertir le chowkidar, (que j'appelais le chakidor d'ailleurs) le gardien de nuit, de mon arrivée.

En pure perte d'ailleurs, car comme d'habitude ce brave type m'avait laissé tombé et une fois de plus je me suis promis de le virer pour le remplacer par un autre pas meilleur, voire pire, va savoir, et comme d’habitude, ma mauvaise humeur retombée je passerai à autre chose en oubliant mes sévères résolutions.

Descendre du véhicule, ouvrir les deux battants du portail, remonter dans la voiture, avancer de quelques mètres, redescendre du véhicule, refermer le portail et revenir au volant, rouler quelques mètres pour aller me garer sous l'auvent à mi-chemin du driveway pour enfin rentrer par le petit hall desservant les pièces de la maison. "You know the drill" comme disent les Anglo-Saxons.

Rien d'extraordinaire, me direz-vous, sauf cette absence du gardien de nuit qui décidément se paye ma tête... C’'est dans la lueur des phares que j'ai cru distinguer un tas informe de vêtements placés là dans l’encoignure de la porte

-Et en plus il s'en va en laissant ses affaires sur place, là, il exagère ... à peine ais-je eu le temps de me dire çà que soudain le tas de vêtements s'est animé laissant apparaître un visage de ce qu'il m'a semblé être celui d'un enfant, une fille m’a-t-il semblé.

Qui de nous deux a été le plus étonné je ne saurais le dire. Elle peut être que j’avais tirée de son sommeil ou moi qui ne s’attendait à cette apparition ?

-Ben, mais qu’est-ce que tu fais là toi ?

Quelle question idiote non ? Et en plus dite en français. Pendant ce temps, ma petite apparition s’était redressée dans l’attente de mon verdict, car je suis sûr qu’elle s’attendait à ce que je lui désigne le portail pour la voir quitter les lieux

Comme la pluie avait redoublé de fureur, il n’en était pas question, surtout dans ces conditions, j’ai ouvert la porte de la maison et je lui ai fait signe de renter, ce qu’elle fait après une fraction de seconde d’hésitation.

Voilà Mia venais de franchir les portes de notre foyer avec toutes les conséquences que ça allait entraîner


Ombres légères

      J'ai récemment évoqué ici deux silhouettes féminines qui ont, plus ou moins brièvement, croisé ma vie à divers ...