La toile dévoile parfois de bien jolies surprises. La
photo de cette blondinette par exemple. 17 ans et répondant au suave prénom de
Christina. Elle est photographiée par son propre père, baignant dans la vibrante lumière
de fin d’été sur une plage de l’Angleterre du sud. Rien d’extraordinaire, me direz-vous.
Une belle jeune fille certes et alors ?
Et alors, nous sommes en l’été 1913. Ce portrait date de plus
d’un siècle. Dans un an ou à peine plus,
des hommes, jeunes comme cette demoiselle, vont se lancer avec fureur et
aveuglement au devant de balles tirées par
d’autres jeunes gens semblables à eux en tous points et qui, eux aussi,
tomberont, victimes de cette folie réciproque
Encore un instant Monsieur le bourreau pourrait dire notre
héroïne, encore un instant Monsieur le bourreau, mais elle ne sait pas que l’Occident
met la dernière main aux armes de son suicide et n’attend plus que la main d’un
obscur terroriste pour mettre le feu aux poudres à Sarajevo en aout 1914
On ne sait rien de précis quant à la destinée de Christina. À l’instant où fut prise cette photo, elle avait l’éternité devant elle, elle symbolisait
la douceur de vivre dans la tranquille rumeur d’un paisible après midi d’été.
Peut-être derrière ce front ravissant dansait
l’image d’un jeune homme pour qui la balle qui allait le tuer en Flandre ou bien ailleurs venait
de rejoindre un quelconque dépôt militaire, prête à l’emploi dans quelques mois
Qu’est-elle devenue Christina pendant cette guerre et
pendant celle qui l’a suivie ? Vous avez remarqué n'est-ce pas que j’emploie son
prénom comme pour la faire revenir du royaume des morts qu’elle a probablement rejoint depuis quelque temps déjà.
Magie du Net qui permet de prolonger ces quelques instants réclamés au
bourreau, pour que Christina vienne nous imposer sa forte et lumineuse
présence, éternelle dans sa beauté adolescente, petite statue dressée
frémissante et altière devant la sauvagerie et la cruauté des hommes.